La plage au sable fin ressemble à une ruche, tellement le vacarme des estivants se fait entendre de loin. On dirait que les populations d'Alger et de Boumerdès sont là, tellement la plage est noire de monde. C'est ici que nous avons rencontré certaines familles venues de l'intérieur du pays, de Sétif et de Bordj Bou Arréridj, qui ont préféré se rendre dans la région. Certains d'entre eux ont tenu à dire que les températures sont montées pour atteindre les 45°C ces derniers jours dans les hauts plateaux. « C'est insupportable et c'est pour cette raison que nous avons décidé de venir à Ain Taya pour nous rafraîchir et passer quelques bons moments au bord de la mer. D'ailleurs, nous avons trouvé tous les moyens nécessaires ici et c'est fantastique. » Ce père de famille a indiqué qu'avec l'ouverture du tronçon autoroutier de Bouzegza (Bouira), il fait un peu plus de deux heures pour rejoindre son foyer à Aïn Arnat, à 7 km de la ville de Sétif. Une réalisation qui facilite le déplacement des gens. « C'est ce que je vais faire pendant les week-ends », a-t-il indiqué. Abdelkader, un émigré livre son impression : « C'est fantastique ! Nous trouvons toujours le plaisir de retourner dans notre pays pour respirer l'air du bled et cela nous fait beaucoup de bien », dira-t-il. Toutefois, l'affluence des estivants sur les plages ne concerne pas uniquement celles de la côte est mais aussi la côte ouest, puisque les plages de Decca Plage, Zerzouria, Surcouf et Suffren sont envahies par des milliers de personnes. Au niveau du parking, plusieurs voitures luxueuses sont garées. Les clients sont venus déguster quelques mets aux fruits de mer. A quelques mètres de là un petit balcon donne sur la mer. Ici, plusieurs personnes profitent pour prendre des photos souvenir avec un arrière-plan sur la baie d'Alger enjolivée par la grande bleue paisible et aguicheuse. LOCATION DES ACCESSOIRES DE PLAGES, LE POINT DE DISCORDE Cette marée humaine doit représenter une bonne source de rentrée d'argent pour les collectivités locales. La majorité de ces plages (autorisées à la baignade) ont été données en concession, par le ministère du Tourisme, pour leur exploitation par des plagistes particuliers durant la saison estivale 2012. Rappelant que la mise en concession de ces plages a été réalisée sur la base du respect, par les exploitants concernés ayant répondu à un avis d'appel d'offres, du plan d'aménagement des plages visant à garantir la sécurité des estivants, et la liberté de circulation sur toute la bande du littoral, ainsi que la mise en place de moyens de divertissement appropriés. Le contrat par lequel l'administration autorise, moyennant redevance, ces personnes à utiliser le domaine public crée des mécontents. Souvent, dans leur royaume, « les vacanciers sont les bienvenus mais pas leurs chaises et parasols ». Pas la peine que les vacanciers se dérangent pour ramener le parasol et la transat, puisqu'ils sont obligés de les louer sur place. Les jeunes de ces localités ne se laissent pas faire. Il arrive souvent que des prises de bec ont lieu pour avoir tenté de dresser un parasol au bord de la mer. Voila justement une dispute entre les « acquéreurs » de la plage et un groupe de jeunes de Ain Taya. « Tout le monde a le droit d'aller à la plage », a indiqué l'un des « rebelles » avant d'ajouter : « Depuis mon enfance, j'ai l'habitude de nager dans cette plage et maintenant on me demande de payer au moins 500 DA à chaque fois que je viens ici. C'est pas normal ». Mais, avec l'intervention des éléments de la gendarmerie, ces jeunes ont pu planter leurs parasols sur la plage de Tamaris. Les gardiens, quant à eux, indiquent qu'ils ne réclament que leurs droits. « Moi aussi j'ai des comptes à rendre à mon employeur », a indiqué un loueur d'accessoires de plages. Pour ce qui est du coût de ces accessoires, il diffère d'une plage à l'autre, le est proposé entre 500 DA et 1 000 DA, c'est selon l'état des produits et la journée, référence faite aux jours de grande affluence. On paye plus cher le samedi et le dimanche. La concession des plages est l'une des raisons qui poussent les jeunes à aller vers des plages polluées ou non autorisées à la baignade qui enregistrent malheureusement chaque année le plus grand taux de noyades. A signaler que les services de sécurité sont omniprésents dans tous les lieux fréquentés à telle enseigne qu'aucune agression ou vol n'ont été signalés, depuis l'ouverture de la saison estivale.