Il est des endroits qui vous laissent rêveur : Aïn Taya en fait assurément partie. Dépassé la ville, la mer vous prend à la gorge ne vous laissant pas la chance de s'en défaire. « C'est beau parce que c'est Aïn Taya », peut-on lire dans un blog d'un inconditionnel de cette ville de l'est de la capitale. Les habitants souscrivent à ce jugement avec un petit pincement au cœur : Décca-Plage, Zerzouria ainsi que les plages de Surcouf, des Tamaris, de Sufren ou encore les Canadiennes sont formidables, sauf que les falaises les surplombant s'effondrent, faisant peser une réelle menace sur la ville. Rien de ce que l'on retrouve ailleurs n'est visible ici : pas le moindre baraquement. Le centre-ville a pu échapper à la spéculation, « puisque les résidants y tiennent », assure un habitant en ne manquant pas de tirer à boulets rouges sur les élus locaux qui n'ont pas su défendre les intérêts des administrés. Le dernier éboulement important remonte à mars dernier, lorsque le remblais a cédé sous l'effet des pluies à la plage des Tamaris ; celle-ci reste, néanmoins, l'une des plus fréquentées. On peut y accéder par plusieurs endroits : à partir de la station du centre-ville ou encore du côté des camps des agents de la Protection civile. Les plaisanciers passent par un talus escarpé avec la peur d'être emportés par un éboulement de gravats déversés tout au long des falaises. « Une entreprise turque, selon certains, a posé un voile sur la plage des Tamaris du côté de Chaâbet. Les vagues ont eu raison de ce mur fait à la hâte », relève un résidant d'une villa en affirmant que ce mur aurait coûté pas moins de 300 millions de centimes. Des travaux ont été engagés par la Société des travaux maritimes de l'Ouest (Sotramo) vite remplacée par la Méditerranéenne des travaux maritime (MTM), « mais ils s'avèrent sans résultats probants, l'érosion continue ». Remarquant ce phénomène « pernicieux » de la remontée de la mer et qui ne manquera pas de toucher la RN24, des habitants sont montés au créneau en organisant des sit-in devant les sièges des institutions locales, sans trop faire bouger des élus « indifférents ». « Peut-on, par cette manière hasardeuse de faire, éviter que les falaises s'effondrent ? », s'insurge un estivant. « Nullement », se reprendra-t-il en regrettant que des élus « indélicats », et ne pensant qu'à leurs dividendes, soient toujours en fonction. Les élus battent en brèche ces allégations, s'enorgueillissant d'avoir mis les moyens pour la réussite du travail mené par les service de la Direction des travaux publics (DTP). Aussi, une enveloppe budgétaire de quelque 200 millions de dinars a été dégagée « pour réussir la saison estivale ». Point de concessions cette année sur les plages, mais les jeunes ont trouvé la parade : installer tout bonnement leur parasol, sans que l'exécutif communal et l'administrateur, absents, puissent réagir. Aux Tamaris le paysage est tout autre ; des bicoques servent de campements aux agents de la Protection civile. Ceux-ci y prennent pied tout l'été en compagnie d'agents de la police. L'endroit n'a enregistré que quelques rares critiques, assure l'un des sept agents de la Protection civile. Il n'est pas rare de voir des familles y faire trempette sans crainte d'un accident. L'affluence durant ce mois d'août n'y est pas en raison du temps qui s'est « gâté ». « J'y viens souvent avec mes enfants. Je peux garder un œil vigilant sur eux, la plage n'est pas très étendue », soutient Aâmi Ali, venu avec sa famille d'Hussein Dey. « Je me plaîs ici plus que dans les plages de la Pérouse, souvent trop bondées », lancera Nadia.