L'affluence sur les plages de Aïn Taya ce jeudi n'est guère celle des grands jours. Une grosse houle vient mourir au pied de la façade de cette commune balnéaire, distante de 35 km d'Alger. « La finale de la coupe d'Algérie y est pour quelque chose aussi », soutient un groupe de jeunes rencontré dans un coin entouré d'une palissade de roseaux. Les familles ne sont pas nombreuses, tout juste quelques-unes, réparties sur cette plage située en contrebas de l'arrêt de bus de la ville. Pour rejoindre la plage dénommée Chaâbet, il faut se frayer un chemin parmi un tas de roseaux enchevêtrés. L'accès n'a pas été aménagé, mais demeure presque impraticable et l'emprunter n'est guère une sinécure. Arrivés à la plage, une seule chose vous frappe : l'endroit n'est pas jonché d'immondices comme partout ailleurs. Sauf qu'à flanc de talus, des personnes indélicates déversent des détritus ou encore des gravats. « Peut-on par cette manière éviter que les falaises s'effondrent ? », s'indigne un estivant. « Pas du tout », continue-t-il. D'ailleurs, la façade maritime de Aïn Taya subit un phénomène pernicieux qui peut être dangereux à long terme, s'il n'est pas endigué à temps. A n'en point douter, cette ville coquette peut très bien en faire l'économie. L'autre accès à la plage est situé du côté des Tamaris. Aménagée et offrant un regard sur la mer c'est là que se trouvent les postes de la Protection civile et celui de la police. Des bouibouis ouvrent déjà leurs portes, mais les vacanciers ne s'y bousculent pas. En plus des Tamaris, Deca-plage et Zarzouria à l'entrée ouest de la ville, une autre plage a été autorisée à la baignade à Aïn Taya, Surcouf en l'occurrence. Cela est la conséquence du travail de la Seaal qui a réhabilitée la station d'épuration, longtemps mise à l'arrêt. Les pompiers demeurent sur le qui-vive. Rien ne semble leur échapper, ils balaient du regard l'ensemble de la plage. L'un d'eux, Guyotvillois, assure que le nombre de saisonniers n'est que de 7, trois autres les rejoindront lorsque le flux deviendra encore plus important. « L'on nous autorise à interdire la baignade à quelqu'un qui veut se faire du tort. D'ailleurs, il y a deux, trois jours, on a sauvé quelque 10 personnes », soutient-il. Au moment où il nous parle, des pompiers et des citoyens accourent pour porter assistance à une jeune fille qui a failli se noyer du côté ouest de la plage des Tamaris. Des policiers seront également à pied d'œuvre pour la durée de la saison estivale. « L'insécurité est le point noir de ces plages, mais les services de la commune ne font rien de leur côté pour arranger les choses », relèvent des citoyens. Pour eux, les élus communaux ont entrepris des travaux pour freiner le phénomène récurrent de l'affaissement des falaises, « mais ils s'avèrent sans résultats probants » « On a ramené des Turcs qui ont posé un voile sur la plage des Tamaris mais qui n'a pas tenu trop longtemps, les vagues ont eu raison de lui », relèvent-ils. Reste que ces mêmes élus battent en brèche ces allégations en s'enorgueillissant d'avoir mis les moyens pour la réussite de la saison estivale. D'ailleurs, une enveloppe budgétaire avoisinant les 200 millions de dinars a été dégagée. Le soutien d'entreprises de la commune est également valorisé et une vingtaine d'ouvriers engagés pour entretenir au quotidien les plages. Point de concessions pour cette année et les quelques baraquements existants ont été démolis. « On nous oblige à réunir sur une même place nos parasols qu'on loue pour la somme modique de 100 dinars. Les règles sont devenues plus strictes. Auparavant il y avait là une baraque où l'on prenait nos douches. Maintenant plus rien. A part l'APPL qui fait son boulot, tout le monde est absent », soutient un jeune. La nouveauté pour cette année est la désignation d'un administrateur chargé de coordonner le travail des différents services intervenant sur la plage. Les résultats ne sont pas encore connus de tous.