Le ministre syrien de la Défense, le général Daoud Rajha, son puissant adjoint et beau-frère du président syrien, Assef Chawkat et le général Hassan Turkméni, chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte, ont été tués, hier, dans un attentat kamikaze qui a visé le bâtiment ultra protégé de la Sécurité nationale à Damas, pendant une réunion de travail. Le ministre de l'Intérieur Mohammad Ibrahim Al Chaar, le chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar et Hassan Turkméni, adjoint au vice-président et plusieurs responsables de la sécurité ont été blessés. L'attentat aurait été perpétré par un garde rapproché du chef de l'Etat qui a actionné sa ceinture d'explosifs dans la salle où se réunissaient les victimes. Le président syrien a aussitôt nommé, comme nouveau ministre de la Défense, le chef d'état major, Fahd Al Freij. L'armée n'a pas tardé non plus à réagir contre cette attaque revendiquée par l'« Armée syrienne libre » (ASL). Dans un communiqué, le ministère de la Défense se dit « déterminé à nettoyer la patrie des restes des bandes terroristes ». « Ceux qui ont cru qu'en visant certains dirigeants, ils pourraient faire plier la Syrie, se font des illusions, car l'armée, les dirigeants et le peuple sont plus que jamais déterminés à faire face au terrorisme et à abattre toute personne qui porte atteinte à la sécurité de la Syrie », ajoute le texte. Cet attentat est intervenu alors que des combats sans précédent font rage entre l'armée et les rebelles de l'ASL dans les quartiers périphériques de la capitale. Plus de soixante soldats ont été tués, ces dernières 48 heures, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Le chef de l'ASL, le colonel Riad Al Assaad, a dit craindre que l'armée syrienne ait recours aux armes chimiques, emboîtant le pas à l'ancien ambassadeur de Syrie en Irak ayant fait défection le 11 juillet, Nawaf Farès, qui a évoqué, lundi, cette éventualité. PRESSIONS SUR LE CONSEIL DE SECURITE Si les rebelles syriens poussaient, à travers cet attentat, les hauts gradés de l'armée syrienne à la désertion, cette escalade de violence a lieu à un moment diplomatique crucial. Le Conseil de sécurité s'est réuni hier, autour du projet des Européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, Portugal) et des Etats-Unis menaçant le gouvernement syrien de sanctions économiques (sous le chapitre VII des Nations unies) s'il ne renonce pas à utiliser ses armes lourdes contre l'opposition, tout en prolongeant pour 45 jours la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus). La Russie a dit clairement qu'elle opposerait son veto. Lavrov, son ministre des Affaires étrangères a déclaré, hier, à l'issue d'une rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan que Moscou ne laissera pas adopter au Conseil une résolution qui signifierait le soutien de l'ONU à une « révolution ». « Le chapitre VII et les sanctions, nous ne pouvons les accepter » a-t-il martelé en critiquant les pays occidentaux d'inciter à la poursuite de l'escalade, « au lieu fait de calmer l'opposition ». M. Lavrov a qualifié les combats en cours en Syrie de « décisifs ». Idem pour de la Chine qui recevait le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki moon, venu sollicité son soutien au projet occidental.