Coup dur pour le régime syrien. Trois hauts responsables ont été tués hier dans un attentat qui a visé le cœur de l'appareil sécuritaire dans la capitale Damas. L'attentat, le premier touchant des ministres depuis l'éclatement de la crise en mars 2011, a été revendiqué par l'Armée syrienne libre (ASL), composée en partie de déserteurs et pourvue en armes de l'extérieur. L'ASL fortement dépendante des Occidentaux et des pays du Golfe avait annoncé, à travers ses relais médiatiques, le début de «la bataille pour la libération de Damas», alors que des combats ont fait leur apparition à Damas, jusque-là épargnée par le drame qui déchire le pays. Le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha et le vice-ministre de la Défense, le général Assef Chawkat (beau frère du président Assad, et ayant survécu à une tentative d'empoisonnement) ont péris dans l'attentat terroriste qui a visé le bâtiment de la Sécurité nationale. Un site sensible ayant l'habitude d'abriter des réunions régulières de l'ensemble des directeurs et des chefs des différents services de sécurité et de renseignements, situé dans le quartier de Rawdha, au cœur de Damas. Le général Hassan Turkmani, chef de la cellule de crise et personnalité importante dans le dispositif sécuritaire est également décédé des suites de ses blessures. Le ministre de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim al-Chaar, ainsi que le chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar ont été blessés dans cet attentat qui a ébranlé la capitale syrienne. L'attaque serait le fait d'un kamikaze qui aurait déclenché sa ceinture d'explosifs à l'intérieur de la salle où les responsables tenaient réunion. Le kamikaze serait un garde du corps d'un des participants à la réunion. L'armée syrienne a annoncé promptement que cet acte terroriste renforçait la «détermination des forces armées à nettoyer la patrie des restes des bandes terroristes». Les autorités syriennes ont également rapidement annoncé la nomination d'un nouveau ministre de la Défense, le général Fahd al-Freij, jusque-là chef d'état-major. La mort dans ces graves circonstances de plusieurs responsables du régime syrien est un coup rude pour le régime. Le pouvoir syrien avait déjà subi un mauvais coup début juillet avec l'annonce de la défection d'un haut gradé de l'armée, proche de la famille Assad et ami d'enfance du chef de l'Etat, le général Manaf Tlass. L'ambassadeur syrien en poste à Baghdad avait également fait défection il y a une semaine. Les réactions à l'attentat continuaient hier à se suivre. La Maison-Blanche a estimé que «le régime de Bachar Al Assad était en train de perdre la Syrie». L'Union européenne dit se «préparer à une crise humanitaire en Syrie». Et Téhéran condamne l'attentat. Dans une énième tentative pour faire cesser les violences, un vote au Conseil de sécurité de l'ONU est prévu aujourd'hui, jeudi, sur un projet de résolution déposé par les Occidentaux. Moscou a annoncé clairement qu'elle mettrait son veto à ce texte. «S'il est question d'une révolution, l'ONU n'a aucun rapport avec ça» a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. M. B.