Un attentat kamikaze a visé hier le beau-frère de Bachar Al Assad, le général Assef Chawkat, le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, et le chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte, le général Hassan Turkmani. Les trois hauts responsables syriens ont été tués alors qu'ils se trouvaient dans le bâtiment de la Sécurité nationale, dans le centre de la capitale syrienne. Mené par un kamikaze muni d'une ceinture d'explosifs au moment d'une réunion de ministres et de responsables de la sécurité, l'attentat a également blessé le ministre de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim Al Chaar, ainsi que le chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar. Le régime syrien, aux prises depuis 16 mois avec un important mouvement de révolte qui s'est militarisé au fil des semaines, commence à vaciller et montrer des signes évidents de fragilité. Jusque-là imperturbables et arrogants, Bachar Al Assad et son clan sont depuis trois jours défiés par l'opposition à Damas, leur propre fief. Après avoir, en effet, surpris tout le monde en allant, mardi, donner l'estocade à l'armée régulière syrienne au centre même de la capitale Damas, l'opposition a réussi hier un coup d'éclat en éliminant, grâce à un attentat kamikaze, le beau-frère de Bachar Al Assad, le général Assef Chawkat, le ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, et le chef de la cellule de crise mise en place pour mater la révolte, le général Hassan Turkmani. Les trois hauts responsables syriens ont été tués alors qu'ils se trouvaient dans le bâtiment de la Sécurité nationale situé dans le centre-ville de la capitale syrienne. Mené par un kamikaze muni d'une ceinture d'explosifs au moment d'une réunion de ministres et de responsables de sécurité, l'attentat a également blessé le ministre de l'Intérieur, Mohammad Ibrahim Al Chaar, et ainsi que le chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar. D'après une source proche de la sécurité syrienne, le kamikaze était «un garde du corps d'un des participants à la réunion». Les opérations spectaculaires menées par l'ASL ces deux derniers jours confortent l'idée que le pouvoir syrien a perdu du terrain et que ses jours sont désormais comptés. Dans un communiqué rendu public hier dans lequel elle a revendiqué l'attentat, l'organisation a affirmé qu'il s'agissait de «la première d'une série de grandes opérations visant à faire chuter Assad et l'ensemble des piliers et symboles du régime, qu'ils soient civils ou militaires». Les rebelles ont, en outre, donné jusqu'à la fin du mois de juillet à ceux «qui n'ont pas de sang sur les mains» pour faire défection, sous peine sinon d'être considérés comme «des complices des meurtres d'Al Assad». L'armée syrienne décapitée Installé dans une logique suicidaire et jusqu'au-boutiste, le régime de Bachar Al Assad – qui paraît aujourd'hui dépassé par l'ampleur de la contestation qu'il s'est employé à réprimer dans le sang – a, de son côté, assuré que cet acte «terroriste» allait renforcer la «détermination des forces armées à nettoyer la patrie des restes des bandes terroristes». Sans transition, il a annoncé la nomination d'un nouveau ministre de la Défense, le général Fahd Al Freij, jusque-là chef d'état-major, a poursuivi le pilonnage des rebelles. Pour l'OSDH, la mort du général Assef Chawkat, l'un des rares chrétiens à occuper un poste aussi élevé dans la hiérarchie militaire, est un «coup sévère pour le régime syrien, car il assumait le tout premier rôle dans les opérations des forces régulières pour écraser la révolution». Dans le même temps, la «bataille de Damas», déclenchée mardi par les rebelles de l'ASL, a gagné hier les environs du palais présidentiel. Une caserne de l'armée proche du «Palais du peuple», énorme complexe de style soviétique surplombant la capitale syrienne dans le quartier ouest de Doummar, a été prise aussi sous le feu des rebelles. Des affrontements entre l'armée régulière et l'ALS se sont déroulés également dans les quartiers de Midane et de Kafar Soussé, dans le sud et l'ouest de Damas, selon l'Organisation syrienne des droits de l'homme (OSDH). Les combats, les plus violents dans la capitale depuis mars 2011, ont débuté dimanche soir dans plusieurs quartiers périphériques. Plus de soixante soldats de l'armée régulière ont été tués ces dernières 48 heures. Des hélicoptères, entrés en action mardi, continuaient parallèlement à attaquer les quartiers de Qaboune et de Barzé, dans l'est de Damas. Stratégie de la terre brûlée Inquiets des retombées sur la région de la stratégie de la terre brûlée pratiquée par le régime de Bachar Al Assad, Washington et Londres ont mis en garde contre une situation qui devient «incontrôlable». Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a vu dans cet attentat un signal clair d'un nouveau tournant dans la révolte qui dure depuis 16 mois en Syrie contre le régime du président Bachar Al Assad. «La Syrie est menacée par le chaos et l'effondrement, avec une situation pire encore que celle qui prévalait au cours des récents mois», a-t-il dit. «L'intensité des combats se renforce, il y a maintenant beaucoup d'informations faisant état de combats chaque nuit dans Damas même, et ceci se traduit par l'augmentation du flot de réfugiés», a-t-il ajouté. «Il faut aboutir d'urgence à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies et à une résolution qui puisse ensuite permettre de résoudre ce problème, de progresser vers un processus politique de règlement pacifique et un gouvernement de transition en Syrie», a ajouté William Hague. Au plan diplomatique, la situation était toujours bloquée hier. Dans une énième tentative pour faire cesser les violences, un vote au Conseil de sécurité de l'ONU est prévu aujourd'hui sur un projet de résolution déposé par les Européens et Américains. Il ne faut, toutefois, rien attendre de nouveau, puisque la Russie a dit clairement qu'elle mettrait son veto à ce texte qui menace Damas de sanctions s'il ne renonce pas à utiliser ses armes lourdes contre l'opposition, tout en prolongeant pour 45 jours la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie qui expire officiellement demain. Qualifiant les combats en cours dans ce pays de «décisifs», le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a ainsi rappelé hier que son pays ne laissera pas adopter au Conseil de sécurité une résolution qui signifierait le soutien de l'ONU à une «révolution» en Syrie. «Des combats décisifs sont en cours en Syrie. Et l'adoption de la résolution (occidentale, ndlr) serait un soutien direct à un mouvement révolutionnaire. S'il est question d'une révolution, l'ONU n'a aucun rapport avec ça», a déclaré M. Lavrov aux journalistes en marge d'une rencontre au Kremlin entre le président russe, Vladimir Poutine, et le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. La Chine, l'autre grande puissance du Conseil de sécurité, devrait aussi camper sur sa position qui consiste à laisser encore les Syriens livrés à leur sort.