Il s'agit du troisième double veto russo-chinois aux tentatives occidentales de faire pression sur Damas. Sur les quinze pays, membres du Conseil, onze voix ont voté pour, deux contre, et deux abstentions (Pakistan et Afrique du Sud). Ce blocage a déclenché des critiques acerbes des Occidentaux, les Américains en tête qui affichent désormais leur intention d'agir en dehors de l'ONU. « Le Conseil a totalement échoué », a constaté l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Susan Rice, soutenant que Washington « va dorénavant privilégier des efforts en dehors du Conseil pour faire pression sur Damas et aider la population syrienne ». Tandis que l'ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, expliquait que le projet occidental « ouvrait la voie » à une intervention militaire, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, M. Loukachevitch a exprimé hier, l'inquiétude de Moscou quant à la décision américaine de contourner le Conseil de sécurité « afin d'intervenir en Syrie ». Tout en qualifiant d'« absolument inacceptable » les accusations occidentales de tenir la Russie responsable de la situation en Syrie en raison de son veto, M. Loukachevitch a dénoncé, sans les citer, certains pays d'« encourager » l'opposition syrienne à commettre des « actions terroristes ». L'ambassadeur chinois Li Baodong a, de son côté, accusé Européens et Américains d'avoir voulu forcer la main à Pékin par une « démarche rigide et arrogante » et de vouloir « faire pression sur un des camps seulement ». Pour ce qui est de l'avenir des 300 observateurs onusiens (Minsus) déployés depuis la mi-avril en Syrie, une nouvelle résolution, soutenue cette fois-ci par la Russie. Selon des diplomates, le Conseil pourrait prolonger la mission pendant une courte période (45 jours), le temps pour les observateurs de prendre leurs dispositions afin de quitter le pays. Si pendant ce délai, la sécurité s'améliorait ou si une issue pacifique se profilait, l'ONU pourrait toujours leur demander de rester plus longtemps. L'ONU a annoncé, jeudi, qu'elle envoyait à Damas un haut responsable militaire, le général Babacar Gaye, son principal conseiller militaire pour prendre en main la mission d'observateurs, en remplacement du général Robert Mood. Loin des coulisses onusiennes, l'ambassadeur russe à Paris, Alexandre Orlov, a jeté un pavé dans la mare en affirmant que le président syrien Bachar Al Assad « accepte de partir, mais d'une façon civilisée », se référant au communiqué final de la rencontre à Genève sur la Syrie, tenue le 30 juin dernier dans la métropole suisse. La déclaration a été très vite démentie et jugée « sans fondement » par la télévision officielle syrienne. Alors que se déroulait l'enterrement officiel des trois hauts responsables de l'armée syrienne (ministre de la Défense, son adjoint, et le chargé de la gestion de la crise) tués dans l'attentat, mercredi, à Damas, le chef de la Sécurité nationale, Hicham Ikhtiar, blessé lors de cette attaque a succombé à ses blessures. Profondément touchée, l'armée syrienne a déclaré avoir « nettoyé » le quartier de Midane, près du centre de Damas, des combattants rebelles. L'opposition armée de l'ASL (Armée syrienne libre) a annoncé, quant à elle, avoir contrôlé des passages, à travers les frontières syro-turques et syro irakiennes.