Elle affectera, pour les trois années à venir, 20 milliards de dollars aux infrastructures, l'agriculture, l'industrie manufacturière et les PME. Un geste, certes, espéré par les Africains oubliés des Européens et Américains, mais reflétant aussi la montée de l'empire du Milieu. Sans faire trop de bruit, il est devenu premier partenaire commercial de l'Afrique depuis 2009 avec en prime un record dans le volume des échanges : 166, 3 milliards de dollars, soit une hausse de 83% par rapport à 2009. En dix ans, les exportations africaines vers la Chine ont été multipliées par 18. Elles sont passées de 5,6 milliards de dollars à 93,2 milliards de dollars. Autres chiffres ? Pékin, qui s'est engagé à l'occasion du 12e Forum de coopération avec le Continent noir qu'elle a abrité jeudi, à attribuer des bourses à 18 000 étudiants, a contribué ces dernières années à la formation de 40 000 Africains, à l'installation, fin 2011, de 2 000 entreprises chinoises qui ont investi 14, 7 milliards de dollars et à la présence de 29 Instituts Confucius dans une vingtaine de pays. Mais cette montée en puissance de la « Chinafrique » provoque le courroux des partenaires dits « traditionnels » du Continent. Ceux-là mêmes qui ont donné certes, du poisson aux Africains, mais jamais la bonne canne à pêche. Certains pour « retrouver » leurs marchés perdus, comme les « désargentés » européens, mettent en garde contre une tentation chinoise de venir « pomper » les ressources naturelles de l'Afrique. D'autres parlent de néo-colonialisme. Et, pourtant, tout le monde, y compris Obama, reconnaît que la Chine apportait un capital dont l'économie africaine a un « besoin vital ». « L'Algérie fonde de grands espoirs dans la capacité du forum à approfondir le partenariat stratégique sino-africain » et lui donner « une impulsion remarquable », souligna, lors des débats, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, appréciant « le plaidoyer de la Chine en faveur d'une coopération internationale rénovée pour le développement en Afrique, et pour une représentation équitable de notre continent aux institutions et aux processus de réforme de la gouvernance mondiale ». La locomotive économique chinoise va-t-elle entrainer la croissance africaine ?