La 5e conférence ministérielle du Forum de coopération sino-africain (FCSA) qui vient d'avoir lieu à Pékin n'aura pas été vaine. Le plan 2013-2015 est en marche. Pékin consolide ses positions dans le continent noir. Rendez-vous en 2015 en Afrique du Sud pour la 6e édition. Jeudi 19 juillet. 8h30. Les premières délégations arrivent au Grand Palais du Peuple. Le dispositif pour l'accueil des officiels est déjà là. Garde républicaine, tapis rouge déroulé et agents de sécurité veillant au grain et scrutant le moindre mouvement. Avec 6 présidents africains, 2 premiers ministres et plusieurs MAE, les autorités n'ont rien laissé au hasard. La circulation automobile est réglementée devant cette imposante bâtisse de 150 000 m2 construite à la fin des années 1950. Les lignes du métro menant jusque-là sont suspendues pour la journée. Situé tout près de la place Tian An Men, ce bâtiment reçoit les sessions de la législature, ainsi que d'importantes réunions politiques. Et c'est le cas avec la 5e conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) que le président Hu Jintao a personnellement tenu à inaugurer. 10h, la cérémonie commence. Dans son discours devant des chefs d'Etat africains, du SG de l'ONU et d'autres délégations, Hu Jintao a détaillé le plan 2013-2015 que la Chine mettra en œuvre en direction du continent. Première mesure : “La Chine mettra à la disposition des pays africains une ligne de crédit de 20 milliards de dollars destinée en priorité à promouvoir le développement des infrastructures, de l'agriculture, de l'industrie manufacturière et des PME en Afrique", a-t-il précisé. Les observateurs estiment qu'avec cette enveloppe, la Chine devient le premier bailleur de fonds du continent, loin derrière le club de Londres ou de Paris ainsi que du FMI et de la Banque mondiale. Les échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique ont atteint un niveau record de 166 milliards en 2011, plaçant du coup la Chine au premier rang des partenaires commerciaux du continent. 18 000 bourses d'études accordées et 30 000 cadres à former Deuxièmement, la Chine “augmentera le nombre de centres-pilotes agricoles en Afrique pour aider les pays africains à renforcer leur capacité de production agricole et mettra en œuvre le programme "Talents africains" pour former 30 000 personnes dans différents secteurs, fournir 18 000 bourses gouvernementales et construire des infrastructures culturelles et de formation technique et professionnelle". Troisième mesure : Hu Jintao a indiqué que la Chine “établira avec l'Afrique un partenariat sur la construction des infrastructures transnationales et transrégionales pour soutenir la planification et l'étude de faisabilité des projets, encourager les entreprises et institutions financières chinoises performantes à prendre part à la construction de ces infrastructures, comme elle aidera les pays africains à améliorer les infrastructures douanières et de contrôle des marchandises afin de faciliter le commerce intra-africain". Quatrième mesure : “La Chine propose de lancer l' “Action pour l'amitié des peuples Chine-Afrique" afin de soutenir et promouvoir les échanges et la coopération entre les associations, les femmes et les jeunes Chinois et Africains. Elle créera en Chine un “centre d'échanges de la presse Chine-Afrique", afin d'encourager les visites entre les professionnels de la presse des deux côtés, et soutiendra l'envoi réciproque de correspondants par leurs médias. Le pays continuera à mettre en œuvre le programme sino-africain d'échanges et d'études conjointes en finançant 100 projets d'études entre les établissements des deux parties", a encore précisé le chef de l'Etat chinois. Cinquième mesure : le président Hu Jintao a annoncé que son pays “encouragera la paix et la stabilité en Afrique dans le but de créer un environnement sûr pour le développement du continent." Pékin “lancera l'Initiative du partenariat de coopération Chine-Afrique pour la paix et la sécurité afin d'approfondir sa coopération avec l'UA et les pays africains dans les domaines de la paix et de la sécurité en Afrique, fournir un soutien financier aux opérations de maintien de la paix de l'UA sur le continent". Ban Ki-moon : réduire la pauvreté et partager les connaissances Intervenant à son tour, le SG de l'ONU Ban Ki-moon a qualifié les mesures du président chinois de “nouvelle hauteur" dans les relations sino-africaines. Il a affirmé que le partenariat stratégique entre la Chine et l'Afrique “contribuera également à l'économie mondiale à un moment où les pays traditionnellement moteurs de la croissance sont en récession". Dans ce cadre, il a proposé trois domaines de coopération, dont la lutte contre la pauvreté, le renforcement de la capacité de l'Afrique en encourageant la Chine à continuer de partager ses connaissances, et la construction d'une économie verte. De son côté, le président de l'Afrique du Sud, Jacob Zuma, tout en mettant l'accent sur la croissance et les opportunités d'investissement en Afrique, ajoutant que l'Afrique est devenue l'un des continents ayant réalisé la croissance économique la plus rapide au monde, a cependant reconnu que “l'Afrique restait confrontée à d'importants défis, tels que le développement des infrastructures et des technologies de l'information". Le président actuel de l'UA et président béninois Boni Yayi a déclaré quant à lui que l'Afrique souhaitait renforcer le partenariat gagnant-gagnant avec la Chine et explorer conjointement les ressources abondantes de l'Afrique. “La population africaine devrait atteindre les deux milliards d'habitants en 2050, ce qui devrait poser de sérieux défis à l'éducation, à l'hygiène, à l'énergie et à la sécurité alimentaire de ce continent", a dit M. Yayi. Abdelkader Messahel : “Une représentation équitable de l'Afrique dans les institutions" Intervenant lors du débat général, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a souligné l'importance du plaidoyer de la Chine “en faveur d'une coopération internationale rénovée pour le développement en Afrique, et pour une représentation équitable de notre continent dans les institutions et aux processus de réforme de la gouvernance mondiale". “L'Afrique, qui est attachée à l'approfondissement par les Africains des solutions aux conflits et aux crises sur le continent, trouve auprès de la Chine un soutien constant à ses positions et initiatives", a estimé M. Messahel. Sur le plan bilatéral, le ministre a souligné que l'Algérie fonde de grands espoirs dans la capacité du forum à approfondir le partenariat stratégique sino-africain. Pour M. Messahel, ces relations “ont été toujours empreintes d'exemplarité, d'abord par le soutien apporté par la Chine à l'Algérie combattante, ensuite par sa solidarité dans la phase postcoloniale de restructuration socioéconomique, pour aboutir aujourd'hui au développement continu d'un partenariat global de portée stratégique". S. T.