Photo : Fouad S. Les travailleurs du complexe sidérurgique d'ArcelorMittal ont voté, dans la matinée de jeudi dernier, la grève générale et illimitée, lors de l'Assemblée générale du syndicat, tenue devant le siège de la Direction du Complexe et à laquelle ont pris part des milliers de sidérurgistes. Le préavis de grève sera déposé demain et le débrayage sera effectif huit (08) jours après à savoir le 20 ou 21 juin prochain, comme l'explique le Secrétaire général du syndicat des travailleurs, Smain Kouadria . L'occasion était aussi pour le syndicat d'expliquer aux fonctionnaires du Complexe El Hadjar les raisons ayant poussé à recourir « de nouveau » à la protestation. Il fera savoir que le processus des négociations entamé depuis des mois avec la Direction du Complexe est arrivé à son , « la direction persiste dans sa position qui est le refus catégorique de satisfaire la plateforme de revendications des travailleurs », a-t-il dit. Plate-forme qui s'articule sur plusieurs points dont l'application de la convention de branche- conformément aux dispositions de la dernière tripartite- occupe le gros des revendications. Le partenaire social d'Arcelor Mittal-Algérie reproche, à ce dernier le non respect des décisions de la tripartite. « La Direction refuse de mettre en œuvre ce qui a été décidé par le Gouvernement, le Patronat et l'Ugta. De notre part, nous n'en ferons aucune concession »indique 'animateur du rassemblement qui est revenu sur des points sujets de divergence avec l'employeur pour ne citer que le dossier de la réhabilitation de la cokerie (mise en veille depuis le mois d'octobre dernier) et le non remplacement des départs à la retraite. Au sujet de la légitimité des revendications brandies et la démarche de la grève envisagée, le Sg souligne aux travailleurs le soutien de l'Ugta de la Fédération des travailleurs de la métallurgie et même du wali de Annaba. Notons qu'au cours du rassemblement de jeudi, il y a eu bien des tentatives d'opposition à cette grève de quelques dizaines de travailleurs et la confrontation a failli dégénérer en bagarre générale si ce n'est l'intervention de quelques sages pour calmer les esprits. «LE PROCESSUS DE DISCUSSION CONTINUE» la Direction générale du complexe a un point de vue différent. Le Directeur général d'Arcelor Mittal, Vincent Leguic, qui nous a reçus au siège de la Direction, a éclairci la position de l'entreprise par rapport à cette tension, dans une brève entrevue. Le DG constate d'abord que le vote de la grève n'a pas été à l'unanimité. « Je n'ai pas eu la sensation qu'il y a eu plus de 50% de la population de l'usine qui sont venu s'exprimer d'une façon claire l'idée d'aller à la grève ». Le Directeur ajoute « Quant on n'a pas épuisé les possibilités de négociations on ne peut pas opter pour la grève. On est dans un processus de discussion qui continue. Il n'y a pas de raison qu'on arrête ce processus ». Au sujet de la divergence avec le partenaire social, il indique que « Le syndicat nous reproche de ne pas être aligné avec la réglementation, les accords et avec la loi. Nous avons simplement remarqué d'une façon récurrente et depuis le début que dans un commun accord, le syndicat et l'entreprise ont décidé d'avoir leur propre convention collective et de ne pas adhérer à la convention de branche et cela depuis 2002. Donc ce n'est pas une nouveauté ». Evoquant d'autres revendications, la Direction générale souligne dans une lettre adressée aux salariés de l'usine que Le salaire de base moyen a augmenté de 25% depuis janvier 2009 et augmentera encore de 05% au 1er juillet prochain. Au sujet de la cokerie, il affirme qu'aucun cokier parmi les 320 exerçant ne perdrait son poste. Idem pour la tuberie dont la charge est nulle : « aucun des 450 tubistes ne sera au chômage ». A cela s'ajoute le lancement d'un programme ambitieux pour améliorer les conditions de vie au travail dans l'usine comportant la mise en place de vestiaires, cantines, toilettes et douches. «Nous avons tenu nos engagements malgré les difficultés : la grève nous a coûté 6 millions de dollars (45 millions de centimes), nous avons perdu 36 000 tonnes de production. Pire encore, « un nouvel arrêt du haut fourneau pourrait être catastrophique », souligne-t-on. Pour la suite du processus du dialogue, la Direction propose au partenaire social un échéancier comportant l'examen de dossiers relatifs à la convention collective d'entreprise, le régime indemnitaire et le dossier des salaires.