Dans son dernier-né, le digne fils des Ath Douala chante l'amour, la séparation, la solitude, la vie, sa société ainsi que d'autres sujets d'ordre philosophique et spirituel. L'une des plus belles chansons qui compose ce CD est sans conteste l'hommage que le poète rend à la Kabylie. Mouloud Zedek survole de sa voix suave et mélancolique les villages qu'il évoque avec un brin de tristesse et de nostalgie. Il raconte les moments vécus dans les coins et les recoins de cette région montagneuse mais si attachante. Il marque une halte dans chaque région pour parler d'un épisode de sa vie. Mouloud Zedek entraîne, dans cette chanson, son public dans une sorte de voyage initiatique à travers sa région natale. Une autre chanson, et non des moindres, celle où l'artiste rend hommage à l'âne. « L'animal, dit-il, qui a rendu beaucoup de services à l'homme en Kabylie ». Sur le plan musical et thématique, le chanteur est fidèle à son style chaabi, qu'il maîtrise d'ailleurs à la perfection. L'artiste, toutefois, introduit de nouvelles sonorités musicales. Ces nouveautés n'enlaidissent néanmoins en rien la qualité de l'album. Au contraire. Mouloud Zedek est en quête continuelle de nouvelles sensations, dût-il affirmer être avant tout poète. S'il explore de nouvelles pistes, c'est pour mieux se dire, dire sa société et les maux qui la traversent. Les textes de ce dernier album, comme c'est le cas pour les précédents, sont d'une force évocatrice incroyable agrémentée d'une très belle musique. Cette fois-ci, le chanteur a fait appel à de jeunes musiciens. Mouloud Zedek affirme avoir travaillé avec de jeunes musiciens peu connus, mais talentueux. Exigeant qu'il est, l'artiste a jeté son dévolu sur de jeunes musiciens pour les faire connaître, mais aussi et surtout faire connaître leur savoir-faire. Pour lui, ces jeunes peuvent apporter ce dont on a besoin, mieux que le ferait un musicien accompli, apprécié par la scène artistique. D'ailleurs, à l'exception des témoins qu'il a enregistrés à l'étranger, le reste de l'album en question s'est fait dans notre pays. Mouloud Zedek, pour rappel, enregistre son premier album en 1983, à l'âge de vingt-trois ans. Il taquine la muse depuis son jeune âge. C'est vers l'âge de treize ans qu'il écrit ses premiers poèmes pleins de sensibilité. Mais il ne compose des morceaux musicaux qu'à vingt ans, alors qu'il passe son service national. Mouloud Zedek est un autodidacte. Il n'a jamais fait d'école de musique. Poète accompli au verbe ciselé, il affirme s'inspirer de l'œuvre artistique des chanteurs sacrés et consacrés de la chanson kabyle, tels Slimane Azem, Cheikh El Hasnaoui et Aït Menguellet.