Les associations Issegh et Amezgun N'djerdjer commémorent, depuis hier, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, le 21e anniversaire de la mort du chanteur de l'exil, Slimane Azem. Au programme des activités qui marqueront l'hommage à ce monument de la chanson kabyle, il est prévu une exposition non-stop sur sa vie et son oeuvre, une conférence sur son parcours artistique, animée par Abdeslam Abdennour, ainsi qu'un concours de poésie pour poètes en herbe. Né le 19 septembre 1918 à Agouni Gueghrane, près des Ouadhias, Slimane Azem fréquentera l'école pendant quatre ans. A l'âge de 15 ans, il quitte son village pour la pleine de la Mitidja où il travaillera chez un colon. C'est là qu'il découvre les vers éthyliques du poète de l'errance, Si Moh Oumhand. Son premier exil fut Londres où il restera quelques mois avant d'atterrir en France où il travailla comme technicien au métro parisien. Fréquentant les milieux nationalistes de l'époque, Slimane Azem adhère au PPA/Mtld en 1938. fervent défenseur de la cause algérienne, il sera emprisonné par les Allemands de 1942 à 1945 après une manifestation organisée par Messali El-Hadj. A sa sortie de prison, l'enfant d'Agouni Gueghrane allait mettre une croix à son activité politique pour verser dans la chanson. Sa carrière artistique débutera dans les cafés parisiens où son destin croisera celui des maîtres de la chanson algérienne de l'époque. Ses premiers enregistrements «A Moh a Moh» et «Iffegh ayadjrad thamurthiw» connaitront un succès retentissant. En 1957, Slimane Azem se marie et s'installe à Alger qu'il quittera définitivement deux ans plus tard. A l'indépendance, le poète, qui a eu le tort d'aimer démesurément son pays, sera forcé à l'exil par les régents de l'époque. Ses chansons seront également interdites à la radio algérienne. Slimane Azem se résigna alors à son sort et dénoncera ses bannisseurs dans sa chanson «Thlatha yekdjan» (les trois chiens). A Paris, il continuera sa carrière artistique et produira avec cheikh Noureddine oeuvres de la chanson kabyle du 20e siècle, dans laquelle la nostalgie du pays sera sa source d'inspiration. Ainsi, il fera de l'hirondelle son messager à la Kabylie natale dans la chanson «Ayafroukh iferless » et pleurera la beauté de son pays dont il est privé dans la chanson «Algérie mon beau pays, loin de toi moi je vieillis». Avec cheikh Noureddine, Slimane Azem décrira le quotidien des émigrés à travers des sketches dont le plus célèbre reste «A madame encore à boire». Rongé par la maladie, il fera sa dernière apparition publique en 1980, à l'Olympia de Paris. Aujourd'hui, vingt et un an après sa mort, Daa Slimane demeure la plus grande référence des jeunes générations de chanteurs kabyles. Son dernier album est sorti à titre posthume au mois de novembre dernier.