Les bouteilles de toutes formes et de toutes marques auxquelles personne ne faisait attention, sont devenues une denrée très recherchée et « personne ne rechigne à payer la bouteille d'un litre et demi à 30 DA, ce qui, mine de rien, constitue une hausse de près de 25% », fait remarquer un riverain de la rue Didouche Mourad. A Aïn Benian, les packs de six bouteilles ont été cédés à 250 DA au lieu de 130 habituellemnt. Dans une superette, le gérant nous montre ses étagères vides qui offraient, quelques semaines auparavant, l'embarras du choix entre les marques Saïda, Ifri, Messerghine... « Personne ne nous livre depuis quatre jours », dit-il avec un soupir d'impuissance. Chez un autre commerçant, on ne sert qu'à des connaissances. A priori, il semblerait que la forte demande enregistrée sur le produit en cette période de grande canicule soit à l'origine de la situation. La consommation a enregistré un pic inhabituel en ce mois de Ramadhan où les températures ont atteint des niveaux élevés. Le milliard de litres produit annuellement ne suffit plus à satisfaire la demande. « Nous avons été obligés, pour la première fois, de puiser dans nos stocks », affirme un responsable commercial de l'entreprise Sidi Okba. Celle-ci a quelque peu baissé sa production pour renouveler un matériel difficile à acquérir en Europe en période estivale. SPECULATION Les producteurs s'en lavent les mains et dégagent toute responsabilité. Aucun d'entre eux n'a ralenti la cadence de sa production. Mieux, la plupart, explique un membre de l'Apab (association des producteurs) ont affiché des promotions « passées cette année inaperçues ». « Malheureusement, il y a des velléités de spéculation par les autres intervenants de la chaîne de distribution, allant jusqu'à priver le consommateur des promotions », dénonce-t-il. Le gérant de Todji, unité d'eau minérale domiciliée à Cheurfa dans la wilaya de Bouira, estime que « ce sont les pénuries d'eau chroniques dans certaines régions, aggravées par les coupures de courant, qui ont obligé les consommateurs à se rabattre sur l'eau minérale ». M. Hocine Nabil ajoutera que « les fêtes de l'Aïd et le Ramadhan sont également peu propices au dynamisme du personnel ». De son côté, le directeur de la production de la marque El Goléa explique que « rien n'a changé dans le rythme de nos équipes et nous avons continué à livrer la même quantité aux distributeurs ». Pour lui, « la fin de la crise est conditionnée par la fin de la canicule qui fera retrouver à la consommation un niveau raisonnable et maîtrisable ».D'aucuns, par contre, pointent du doigt les grossistes et les détaillants qui ne livrent plus les mêmes quantités. « La marchandise n'arrive pas à Alger car les camionneurs sont obligés de décharger en cours de route », indique un commerçant. Le résultat est connu, la rareté crée la cherté. Même la petite bouteille se vend à 25 DA. Au cours de cette semaine, une cinquantaine de producteurs devraient se retrouver pour faire des propositions au ministère du Commerce sur les voies et moyens à même de dépasser cette situation qui perturbe, notamment, les personnes fragiles, comme les bébés et les femmes enceintes.