Ghaza, marquée au fer de l'injustice coloniale et de la haine raciale, sort de son long cauchemar. Par la résistance et dans la dignité, elle se découvre les vertus de la mobilisation internationale sans précédent qu'elle a définitivement enterrée dans l'enfer du blocus inhumain et injustifié. Elle a désespéré de la longue attente de la fameuse communauté internationale rivée dans le silence assourdissant de la complaisance et de l'impuissance caractérisée à l'épreuve de la barbarie intégrale du sionisme forgé par le sentiment d'impunité totale. Pouvait-elle donc rêver d'un sursaut humanitaire en alternative au déni de légalité internationale ? Si le geste rédempteur est en définitive le fait de la société civile internationale, la vision discriminatoire du droit humanitaire a pris eau de toutes parts, par le torpillage en règle en haute mer opéré par l'Etat-hors-la loi et le profond décalage observé par les puissances euro-atlantiques se présentant en apôtres de la liberté et de la démocratie. La bataille pour le sauvetage des valeurs fondamentales est stratégiquement engagée. A Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères des 27, en compétition avec les puissances régionales en quête de leadership et le parrain américain de l'Etat hébreu, investit la nouvelle donne humanitaire à la fois par sa condamnation de l'acte de piraterie internationale et sa perception du blocus jugé à la longue « improductif et inacceptable ». Dans un texte adopté, ce lundi, l'UE avance son plan d'acheminement des personnes, des biens et des marchandises. Elle entend également participer, à travers sa mission civile présente sur les lieux, aux mécanismes de transit et aux missions d'inspection aux postes de passage terrestre et maritime de Karni et de Rafah aux frontières de l'Egypte. Sans plus. De ce fait, un « accord de principe » avec Netanyahu a été obtenu par Tony Blair pour permettre un allégement du blocus « dans les prochains jours ». Sur la piste, dans le prolongement de l'initiative turque noyée dans le sang, l'Iran se remet de la partie. Elle a annoncé l'envoi d'un navire humanitaire et d'un groupe de députés. « Jusqu'à la levée du blocus, l'Iran continuera à envoyer de l'aide par mer à la petite enclave palestinienne », a affirmé un responsable des gardiens de la révolution. Au pied du mur, « l'enfant gâtée de l'Occident » tente la manœuvre de la dernière chance. En son isolement splendide, l'Etat de l'extrémisme politico-religieux joue la partition de la commission d'enquête présidée par l'ancien général, Jacob Turkeb, et, sous la pression internationale, élargie à deux observateurs étrangers (le détenteur du prix Nobel de la paix, David Trimble, et le magistrat canadien Ken Watkin) pour mieux contenir le mouvement de condamnation et l'exigence du Conseil de sécurité réclamant une «enquête rapide, crédible, impartiale et transparente.» Question : la norme est-elle israélienne au-dessus de la légalité internationale ? Pour le porte-parole du secrétaire général de l'Onu qui a déclaré « prendre note » de l'initiative israélienne, il reste que « la proposition d'une enquête internationale reste sur la table et espère une réponse positive d'Israël.» Acculé dans ses derniers retranchements, l'Etat au-dessus du Conseil de sécurité a plus le souci de l'altération de son image internationale. A la radio israélienne, le ministre des Affaires sociales, Issac Herzog a estimé qu'« il est temps de mettre fin au bouclage dans sa forme présente », tout en se disant convaincu que « la situation n'apporte rien à Israël ». Il a déclaré que « d'un point de vue diplomatique, elle nuit gravement à notre image ». Ghaza remporte une autre victoire sur l'occupant contraint à la retraite forcée et aux doutes sur son invincibilité perdue.