Le série d ́attaques violentes dont souffrent actuellement les missions diplomatiques américaines dans certaines villes arabes et musulmanes doit être liée - sans être approuvée ni justifiée - à la montée du sentiment antimusulman dans la plupart, sinon la totalité, des sociétés occidentales durant ces dernières années. Les actes de violence qui ont déjà coûté la vie, mercredi dernier, à l ́ambassadeur des Etats-Unis en Libye, Chris Stevens, et à trois de ses compatriotes qui l'accompagnaient dans sa visite officielle à Benghazi, sont la conséquence de ce racisme primaire qui a pris des proportions révoltantes depuis la publication dans l ́impunité, voilà quelques années, par un journal danois des caricatures blasphématoires contre l ́Islam présenté comme « religion d'intolérance » et le Prophète Mohamed (QSSSL). La provocation contre les musulmans, plutôt que d'observer une pause, ou pour le moins d ́être qualifiée comme telle par les gouvernements d'origine de ces « artistes » qui émargent au compte de l ́AIPAC, le lobby sioniste aux Etats-Unis, s ́est même amplifiée au point de faire de notre religion sacrée le sujet d ́inspiration pour les plus injurieux des artisans de l ́islamophobie. Cette fois, c ́est une prétendue œuvre cinématographique, réalisée dans le pur style de la provocation contre la foi des musulmans, qui aura mis le feu aux poudres au Caire, à Benghazi et à Sanaâ. Trois villes d ́où a été lancé, en 2011, le « Printemps arabe » qui devait sceller durablement l ́« amitié » arabo-occidentale. La plupart des gouvernements occidentaux doivent avoir sur la conscience la mort des quatre diplomates américains et assumer seuls les conséquences du passage à l ́acte des fondamentalistes. Plutôt que de condamner en leur temps les caricatures danoises, les capitales européennes et américaine avaient avancé l ́argument de la liberté de la presse, d ́opinion et de création artistique. La belle formule qui cadre parfaitement avec les bons sentiments de l ́Alliance atlantique ayant conduit à la déstabilisation du monde arabe. Cette position fut légitimement interprétée par les peuples musulmans comme un acte de complicité d ́Etat avec les islamophobes. Ces derniers l ́ont perçue, de leur côté, comme un encouragement à sévir dans la provocation antimusulmane au mépris des valeurs les plus sacrées des musulmans.Il faut, enfin, noter aussi cette curieuse anomalie : les assassins de Chris Stevens et de ses compatriotes faisaient du coude-à-coude avec la coalition militaire occidentale durant la guerre de Libye. Le Président Obama et Mme Clinton parlent, aujourd ́hui, d ́« ingratitude » de ceux qu ́ils ont aidés à se débarrasser du régime du colonel Kadhafi. Comme leurs collègues européens, ils ne se rendent pas encore compte qu ́ils ont en fait déroulé le tapis rouge sous les pieds de ces fondamentalistes qui savent attendre les occasions les plus propices à la prise de pouvoir dans leurs pays, fragilisés par le « Printemps arabe ». Une situation contre laquelle l'Algérie n'a eu de cesse de mettre en garde durant les années 1990. Cette occasion, les « artistes » occidentaux sont en train de la leur offrir sur un plateau d'argent Dans ce climat de provocation et de confusion créé par ce film américain, les sociétés occidentales devraient faire un net discernement entre la création « artistique », la vraie, celle qui ne touche pas à la foi des autres, qui contribue à enrichir la culture universelle, et les actes de provocation sous couvert de la liberté d ́expression et d ́opinion. La manipulation idéologique de l ́art est à l ́origine de la généralisation du sentiment islamophobe grandissant au sein des sociétés occidentales où le citoyen cède volontiers aux clichés et aux stéréotypes, amalgamant Islam et terrorisme, en faisant dans un racisme primaire.