Dans les colonnes de Wall Street Journal, l'auteur, soutenu par le très controversé pasteur américain Terry Jones, qui avait créé la polémique en brûlant des exemplaires du Coran, en avril, signe toute sa haine de l'islam qualifié de « cancer ». Faut-il encore douter de la montée en puissance de l'islamophohobie perçue malheureusement comme une carte électorale des républicains accusant le rival démocrate de sympathie avec les « extrémistes musulmans » et l'administration Obama rejetant « les efforts visant à dénigrer les croyances religieuses des autres » et le recours à « ce genre de violence insensée » ? Cette provocation de trop, qui rappelle la période noire des « caricatures » diffamatoires du prophète Mohamed (QLSSSL), du dessinateur danois, en 2005, n'a pas tardé à faire des ravages dans le monde arabe en ébullition. Elle n'a pas de ce fait laissé insensible la nouvelle Egypte de Morsy, secouée par de violentes manifestations et criant la colère de la communauté copte, un moment stigmatisé pour la participation de certains de ses membres à la réalisation du film, dénonçant « toute forme de mépris contre quelque religion que ce soit » et des salafistes prenant d'assaut la mission diplomatique américaine à la sécurité désormais renforcée. Mais, Le Caire redoute encore plus l'exacerbation des clivages confessionnels et le retour de flammes sur les chrétiens d'Egypte (6 à 10% des 82 millions d'habitants), malgré les assurances du nouveau chef d'Etat qui se présente comme « le président de tous les Egyptiens » sans exception. La protesta fait tache d'huile. Les Frères musulmans ont appelé, dans un communiqué signé par le SG, Mahmoud Hussein, à des « manifestations pacifiques vendredi (demain) devant les principales mosquées ». Mais, l'attaque la plus virulente a été enregistrée à Benghazi en libye où le consulat américain, pillé et incendié à coups de roquettes, a vécu l'enfer des milices et des salafistes dictant leur loi aux services de sécurité mis en déroute. La mort de l'ambassadeur, Chris Stevens, par « suffocation au monoxyde de carbone » et trois fonctionnaires porte un coup sévère à la transition menée sous l'autorité nouvellement élue, le Congrès général national présidé par Mohamed Al-Megharyef. Elle intervient le jour même où l'élection du chef de gouvernement, parmi les 8 candidats en lice, est programmée pour entamer la difficile mission de la stabilisation et du rétablissement de la sécurité qui prévoit la mise en place d'une police et d'une armée professionnelles. C'est l'image de la Libye du changement démocratique qui est mise en cause par la persistance de la violence illégitime des milices et l'impuissance des autorités à y mettre fin. Les « excuses » de Megharyef présentées « aux Etats-Unis et au peuple américain et au monde entier » sont significatives du désarroi des dirigeants de la nouvelle Libye mise au banc des accusés par l'ONU, les capitales occidentales et l'Europe parlementaire condamnant l'« attaque terroriste ». Hillary Clinton, qui se refuse à toute forme de justification de ce « comportement brutal », a aussi déploré « toute volonté délibérée de dénigrer les croyances religieuses d'autrui ». Au lendemain de la commémoration du 11 septembre, les extrémismes de tous bords sont sortis de l'ombre pour rallumer le brasier de l'islamophobie.