Le nouveau pouvoir en Libye a-t-il lancé la chasse aux milices djihadistes qui règnent en maîtres dans plusieurs régions du pays ? Sous la pression de l'administration américaine, au lendemain de l'assassinat de son ambassadeur, Christopher Stevens et de trois autres diplomates, dans la foulée des manifestations contre le film anti-Islam, les autorités de Tripoli ont juré de « punir » les milices salafistes soupçonnées du crime. Des centaines d'habitants de Benghazi se sont rebellés, vendredi, contre les milices armées qui font la loi dans cette deuxième ville du pays, au terme de violents combats, faisant au moins quatre morts et 70 blessés. Les protestataires ont réussi à déloger le principal groupe paramilitaire, la milice salafiste d'Ansar Al Charia, de son quartier général dans le centre de la ville. Ils se sont ensuite attaqués au quartier général de la brigade de Raf Allah Al Sahati, un groupe islamiste qui s'est pourtant placé sous l'autorité du ministère de la Défense, où des combats à l'arme légère et aux roquettes ont opposé les deux camps durant deux heures, avant que la brigade ne décide de quitter les lieux. Bien que « satisfaites » de cette réaction populaire, les autorités libyennes craignent de nouvelles flambées de violence. Elles ont mis en garde contre le « chaos », exhortant les manifestants à faire la différence entre les brigades « illégitimes » et celles qui sont sous l'autorité de l'Etat. Le président de l'Assemblée nationale, Mohamed Al Megaryef, s'est félicité de la protestation contre les « brigades en dehors de la légitimité ». Il a néanmoins appelé les manifestants à se retirer des locaux occupés par les brigades du ministère de la Défense. Le ministre de l'Intérieur, Fawzi Abdelali, a, lui, mis en cause des personnes « infiltrées parmi les manifestants » faisant partie des services de sécurité, cherchant, selon lui, le « chaos » et la « sédition », un péril d'ailleurs conforté par l'exécution de 6 membres des forces de sécurité après les affrontements de Benghazi. La veille, Tripoli a annoncé l'arrestation de huit personnes dans le cadre de l'enquête sur l'attaque du consulat américain à Benghazi. Côté américain, la Maison Blanche a, pour la première fois, qualifié l'attaque contre son consulat à Benghazi, de « terroriste ». Le patron de la lutte antiterroriste, Matthew Olsen, a, de son coté, assuré qu'elle avait été menée « de manière opportuniste ».