Tomber de rideau sur le 17e Sila hier devant une affluence des grands jours. Le rush devant les divers stands nationaux et étrangers a pris un tournant compétitif vers la course aux prix du livre et rabais consentis en cette fin de festival. La vedette du jour, le roman historique et politique a pris le pas sur le reste du grand éventail littéraire. Les ouvrages scolaires, point de commentaires sur l'engouement et leur record de vente, ont fait l'essentiel. Dans cette grande kermesse livresque « Mon livre, ma liberté » l'embarras du choix offert au public était précédé de débats et de ventes-dédicaces qui ont permis aux lecteurs de se frotter aux auteurs dans un esprit critique sur leur produit littéraire mis en vente. C'est sur fond d'un grand débat politique sur l'écriture de l'histoire que ce festival international du livre s'est prêté à la question. Les archives, écrites et filmées, ont fait partie du lot de ce grand débat encore fumant. Le vide sidéral de ce grand chapitre sur la reconnaissance par la France des crimes commis durant la guerre de libération, s'est transformé en réquisitoire contre la volonté délibérée de faire abstraction des écrits historiques qui viennent à manquer dans les stands. En marge de ce salon du livre, historiens et écrivains des deux bords de la Méditerranée ont convenu de mettre en exergue la nécessité historique de faire la lumière par le livre sur un « holocauste » qui ne dit pas son nom. Revenant sur le fonctionnement de la justice française durant la guerre d'indépendance de l'Algérie, l'universitaire française Sylvie Thénault a rappelé de son côté que cette justice est « commune à tous les cas de répression des insurrections » connus dans le monde. L'état d'urgence et les tribunaux militaires « offraient à l'armée coloniale des pouvoirs spéciaux qui lui permettaient même d'éliminer les écrivains et intellectuels tels Maurice Audin et Mouloud Feraoun. Le monde du livre, dans ce funeste complot contre l'histoire, a fini par rattraper Zola.