Ecolière, elle rêve, déjà, de devenir institutrice de français, une fois son cursus universitaire terminé. Brillante élève, cette native de la capitale obtient haut la main son certificat d'études primaires. Promise à une carrière dans l'enseignement, elle quitte, forcée, l'école. La mort dans l'âme, elle se résigne à faire désormais avec les moyens du bord. Grande lectrice, elle lit assidûment l'ensemble des écrivains classiques français, en particulier Hugo, Zola et Baudelaire. A peine adolescente, elle se réfugie « instinctivement », pour fuir la réalité qu'elle n'arrive pas à admettre, dans le monde livresque. Son seul asile. Mariée, femme au foyer, elle élève en maman exemplaire ses enfants et versifie aussi. Elle se confie à son cahier journal où elle consigne des vers poignants, douloureux parce venus d'un cœur meurtri. Yamina Zoubida publie, il y a quelque mois, un recueil de poèmes d'une grande portée littéraire : « Gouttes de rosée ». Sa première œuvre poétique est un véritable voyage initiatique pour la reconquête de soi, c'est aussi, et à la fois, une quête existentielle que l'auteur entreprend pour prouver sa propre existence. Rencontrée à la clôture du Salon du livre, à l'occasion d'une vente dédicace, la poétesse, d'une humilité déconcertante, parle de son amour pour la langue française et de l'écriture. « Dans mon recueil de poèmes, je parle surtout de ma propre vie ainsi que de ce qui m'inspire. Ce n'est pas toujours facile de porter au fond de soi la blessure d'avoir été arrachée à ce qui nous tient le plus au cœur. Je vis difficilement ma déscolarisation forcée et pour échapper à cette situation intenable, je me suis mise à lire et à écrire », explique-t-elle. Et d'ajouter : « Jeune écolière, je nourrissais un secret espoir de devenir, une fois mon diplôme en poche, institutrice de langue française. J'étais brillante, ce qui m'a valu récompense sur récompense de la part de mes instituteurs français. Pour des raisons que je ne dévoilerai pas, j'ai été contrainte de mettre un terme à ma scolarité ». La poétesse qui qualifie l'écriture de « délivrance » irrigue sa veine poétique de la poésie de grands poètes français, tel Baudelaire et Aragon, comme elle s'inspire aussi de la poésie d'Aït Menguellet. D'ailleurs, elle affirme devoir à ces poètes la compréhension et, surtout, l'amour de la vie malgré ses aléas. Yamina Zoubida Tazrout, par ailleurs, estime que le Salon du livre et une vitrine, voire une fenêtre par laquelle écrivains et poètes voient le monde. « Je suis contente d'être ici parmi mes lecteurs. Cela me procure joie et bonheur et ce, au simple contact des personnes qui aiment la poésie et le livre. C'est un plaisir que d'entendre un public qui ne me connaît pas et qui a tout juste lu mes poèmes me dire : c'est joli ce que vous écrivez, continuez ». Yamina Zoubida Tazrout a terminé la rédaction d'un roman qu'elle éditera prochainement. « J'ai déjà rédigé un roman que je dois revoir pour corriger quelques inconséquences mineures. Une fois revu, je le déposerai auprès de mon éditeur », souligne-t-elle. Sur le plan poétique, sa poésie est agréable et d'abord accessible. Comme la rosée, elle ne mouille pas, mais asperge juste nos âmes avec sa douce musicalité. La poésie de Yamina Zoubida Tazrout n'est pas torrentielle. Elle est surtout une veine poétique qui irrigue doucement notre sensibilité de beaux vers et nous transporte dans un monde onirique où le rêve se confond avec la réalité. Djamel O. « Gouttes de rosée », poèmes de Yamina Zoubida Tazrout, Editions à compte d'auteur, 120 pages, prix public : 600 DA