Dans son intervention, Mme Hamida Kettab, secrétaire générale de l'association El Amel, affirme qu'« en Algérie, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme, il représente la première cause de mortalité chez elle ; son incidence est de l'ordre de 55/100.000, et 9.000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année ». Cette journée scientifique a connu la participation de plusieurs médecins du secteur public et privé (généralistes et spécialistes), experts, société civile, représentants des CHU et des associations (nationales et étrangères). Les spécialistes confirment que dans notre pays, du fait du diagnostic tardif, « il en résulte souvent un traitement lourd, mutilant et coûteux. Alors que, découvert à un stade précoce, son traitement est plus simple, moins mutilant et moins onéreux, avec une survie de 5 ans supérieure à 97 %. Le professeur Bouzid, chef du service d'oncologie au CPMC du CHU Mustapha Pacha, signale, pour sa part, que les plus touchées par le cancer du sein sont les femmes âgées entre 45-50 ans, mais malheureusement deux cas sur trois (2/3) sont au stade localement avancé ou métastasé, et trois femmes sur quatre (3/4) décèdent au bout de cinq (05) ans. Les chiffres sont effrayants, cette situation résulte du fait que le dépistage de masse est inexistant, l'âge très jeune des patientes, mais également à cause de l'obésité. « Le cancer du sein en Algérie touche des femmes jeunes, voire très jeunes, il est donc impératif de promouvoir le dépistage » a déclaré M. Bouzid. Le professeur Mesbah, représentant du ministère de la Santé, dira, quant à lui, que le cancer du sein « est une affaire collective partagée avec l'ensemble des acteurs ». Pour atteindre un meilleur résultat, « il faut prendre en compte les expériences des autres dans ce domaine, et prévoir régulièrement des réunions/actions entre les différents partenaires » a-t-il souligné. D'après le professeur Bendib, chef du service sénologie du CPMC d'Alger, le dépistage du cancer du sein est « une véritable guerre, qui nécessite la mobilisation des moyens humains et matériels ». Parmi les défaillances il cite, entre autres, la création des registres du cancer du sein par les médecins eux-mêmes ce qui donne des statistiques non précises, les femmes attendent deux à trois mois pour faire le diagnostic dans le secteur public, et l'absence du personnel qualifié. Pour remédier à cette situation, selon lui, il faut « préparer des sessions de formation pour les médecins généralistes, radiologues, chirurgiens, tenir compte des spécificités (sociale, environnementale, culturelle...) de chaque wilaya et, enfin, il faut l'implication des autorités pour offrir les moyens humains et matériels nécessaires au dépistage du cancer du sein ». Dr Lounici, qui a exposé la place du secteur privé dans le dépistage du cancer du sein, ainsi que son étroite relation avec le secteur public, a mis l'accent sur la nécessité de mettre en place « des protocoles de recherche clinique communs qui permettront de définir les facteurs de risque propres à notre épidémiologie ». « Il vaut mieux prévenir que guérir » dit l'adage. Pour cette raison, le dépistage, qui permet un diagnostic précoce et par conséquent une baisse de la mortalité de l'ordre de 30%, est préconisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme moyen efficace de lutte contre le cancer du sein, à condition qu'il soit simple, de qualité, gratuit et sans douleur.