La caravane El-Amel, du nom de l'Association d'aide aux personnes atteintes du cancer du centre Pierre-et-Marie-Curie d'Alger, a repris son bâton de pèlerin en ce mois de novembre, pour sillonner cette fois-ci successivement les régions de Nâama et de Béchar. L'objectif est de sensibiliser à la fois les citoyens et les professionnels de la santé à la nécessité de lutter (ensemble) contre cette pathologie en général, particulièrement contre le cancer du sein. Ce dernier étant devenu, de nos jours, un véritable tsunami qui ne cesse de dévaster un grand pan de la société : plus de 10 000 nouveaux cas diagnostiqués durant l'année en cours, alors qu'environ 3500 femmes décèdent chaque année des causes de cette maladie ! Le constat est tellement alarmant qu'une prise de conscience, en amont et en aval, s'avère plus que jamais vitale. Le risque augmente notamment chez les femmes âgées de 40 ans et plus. D'où l'importance de sensibiliser toutes les femmes à faire une mammographie tous les deux ans à partir de l'âge incriminé. Il s'agit là de la recommandation essentielle des médecins spécialistes, qui animent les journées d'information et de sensibilisation du grand public durant la présente campagne menée par l'association El-Amel. Conscientes du risque que représente cette maladie, les femmes n'ont pas manqué d'envahir toutes les salles où se sont déroulées, du vendredi 25 à mercredi 30 novembre, ces journées d'information. En effet, ni le froid glacial qui caractérise, en ce début d'hiver, le couloir steppique abritant les villes de Nâama, Mécheria et Aïn Sefra, ni les longues distances à parcourir dans cet immense espace subsaharien de la wilaya de Béchar n'ont dissuadé les femmes à sortir de chez elles pour profiter du passage de la caravane El-Amel et bénéficier des orientations et autres conseils prodigués par des médecins chevronnés. “Nous ne pouvons qu'être intéressées par un rendez-vous pareil, puisque nous sommes toutes concernées par ce sujet aussi important qu'est le cancer du sein ; c'est une maladie qui n'épargne aucune femme. D'où notre intérêt à être informées et d'en savoir plus sur la maladie à même de nous éviter d'arriver, en cas d'atteinte, à des stades avancés”, dixit Houria, la quarantaine dépassée, bravant les fortes pluies de dimanche, pour assister à la journée tenue à la maison de la culture de Aïn Sefra. à son tour, une jeune femme issue de la même région ne manque pas de “féliciter le travail inédit mené par l'association El-Amel à travers l'organisation de ces rencontres qui permettent aux femmes de s'exprimer sur ce sujet, le cancer du sein, qui était vu comme une question taboue”. Il y a peu de temps, rares étaient les femmes qui pouvaient accepter cette réalité. En dépit de leur souffrance, elles dissimulaient souvent leur maladie par crainte d'être délaissées et répudiées par leurs maris, et parfois d'être marginalisées même par la société. Le rendez-vous n'a pas manqué de susciter l'intérêt des autorités des deux wilayas, lesquelles ont mis les moyens nécessaires pour l'accueil de la caravane. En atteste le déplacement effectué par le wali de Nâama pour donner le coup d'envoi de la journée tenue jeudi dernier dans la salle de la maison de culture de cette wilaya. Ou encore le chaleureux accueil réservé par le wali de Béchar à la caravane El-Amel. Des gestes, faut-il le dire, encourageants tant est que la prise en charge des personnes atteintes du cancer nécessite l'engagement de tous. “Outre la sensibilisation des citoyennes et citoyens, notre mission a pour objectif également de mobiliser l'ensemble des autorités nationales au tour de cette cause noble qu'est la lutte contre le cancer du sein, qui n'est pas une fatalité, car c'est une maladie chronique au même titre que d'autres pathologies, et qu'on doit prendre en charge”, dira Mme Kettab Hamida, secrétaire générale de l'association El-Amel, initiatrice de l'idée de mener une campagne nationale contre le cancer du sein. Et à Mme Kettab d'expliquer à l'occasion des travaux de chaque ouverture l'importance de sensibiliser les femmes à “la nécessité de consulter précocement et se faire dépister afin d'éviter d'atteindre des stades avancés. Ce qui facilitera leur prise en charge à des coûts réduits. Les femmes atteintes auront plus de chance à guérir et de réintégrer le plus normalement du monde la société”. Mammographie : nécessaire à toutes les femmes à partir de 40 ans Cette thèse sera scientifiquement étayée, dans leurs exposés respectifs, par Dr Nacéra Benoumechiara et le chirurgien Brahim Aït Ouakli, les deux issus du service sénologie du professeur Ahmed Bendib au CPMC. Faisant souvent appel à un langage simplifié, ces éminents médecins expliqueront, dans le détail, la conduite à tenir par les femmes à partir de l'âge incriminé (40 ans), et les méthodes à suivre, les conseillant notamment de se rapprocher de leur médecin en cas du moindre soupçon d'un nodule ou autre ganglion remarqué au niveau du sein, partie très vulnérable chez la femme. Le conseil qui revient souvent dans le discours de ces spécialistes consiste en la nécessité de “l'autopalpation constante” des seins pour toutes les femmes. “L'autopalpation des seins est un exercice que doivent adopter toutes les femmes ; il faut le faire au moins à chaque fois que vous prenez votre bain. C'est ainsi que vous pourrez vous dépister par vous-mêmes, et par là-même vous éviteriez d'atteindre des stades avancés”, a toujours insisté Dr Benoumechiara devant son assistance. Pour Dr Benoumechiara qui accompagne la caravane El-Amel depuis son lancement en octobre 2009, la règle est claire : “Plus un cancer est dépisté précocement, plus il est facile à traiter.” Sur un autre plan, la caravane El-Amel est aussi mise à profit par des corps médicaux dans toutes les régions où elle s'est rendue, à travers la tenue des journées de formation et de recyclage des staffs locaux. L'objectif recherché derrière ces rencontres est la mise en place d'une “cellule” médicale spécialisée dans la prise en charge notamment des femmes atteintes de cancer, dans chaque wilaya du pays. Cette cellule est composée de médecins généralistes, d'un chirurgien, d'un radiologue, de manipulatrices en radiologie et d'infirmières. Ces équipes sont appelées à suivre successivement une formation au CPMC, avec l'encadrement du comité présidé par le professeur, chef du service sénologie, Ahmed Bendib. F. A.