« L'histoire retiendra que c'est sous l'ère de Chadli Bendjedid que les ligues des droits de l'homme, à commencer par celle que je présidais, ont commencé à être reconnues », a indiqué Me Brahimi, soulignant que l'ancien chef d'Etat était "extrêmement sensible à la question des droits de l'homme". Me Brahimi, qui s'exprimait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, a révélé qu'en sa qualité de militant des droits de l'homme, Chadli Bendjedid acceptait de le recevoir à chaque fois qu'il en faisait la demande, ajoutant que l'ancien chef d'Etat avait donné suite à toutes ses doléances concernant les droits de l'homme. En ce sens, Me Brahimi a affirmé qu'il gardait de Chadli Bendjedid le souvenir d'un "homme serein à l'écoute de l'opinion publique", illustrant ses propos par l'intention de l'ancien président de réviser le Code de la famille, promulgué en 1984. « Il avait chargé son secrétaire général, Mouloud Hamrouche, de préparer une nouvelle loi pour la rentrée, à l'automne 1988, afin d'améliorer le Code de la famille dans le sens de donner davantage de droits à la femme », raconte cet avocat, regrettant qu'après les événements du 5 octobre 1988, "le sujet n'était plus d'actualité". Enchaînant sur ces événements que Me Brahimi qualifie de « tragédie » à laquelle personne ne s'attendait", il s'est dit en désaccord avec ceux qui les qualifient (les événements) de "complot". Il a indiqué aussi, qu'à la demande de la LADH, le président Chadli Bendjedid avait procédé à « la libération de centaines, voire de milliers, de jeunes arrêtés lors de ces événements et qui allaient être jugés et condamnés à de lourdes peines de prison », ajoutant que « l'histoire retiendra que Chadli Bendjedid a été le premier chef d'Etat (algérien) à avoir condamné publiquement la torture car, a-t-il dit, il y a eu la torture pendant les événements d'octobre ». LA CONSTITUTION DE 1989 A OUVERT LA VOIE AU MULTIPARTISME Le juriste a rappelé, en outre, que c'est pendant la présidence de Chadli Bendjedid, « père de la démocratie », que la Constitution de février 1989 avait été élaborée, « ouvrant la voie au multipartisme et au processus démocratique ». Cette Constitution avait "mis fin au parti unique et permis la reconnaissance de nouveaux partis dont ceux de l'opposition", a-t-il encore rappelé. Me Brahimi a ainsi mis en valeur la « ténacité » de l'ancien Président à faire aboutir le processus démocratique bien que sous son mandat, a-t-il noté, "il y a eu beaucoup de tragédies", comme les événements d'octobre 1988, la mort dans des conditions « étranges » de l'ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed-Seddik Benyahia et l'interruption du processus électoral en 1991. Cela a amené Me Brahimi à évoquer la démission de Chadli de son poste de président de la République en 1992, estimant qu'il était « en mesure d'en témoigner ». « Je crois que je suis la première personne à avoir revu le président après sa démission, deux mois plus tard. Il m'avait dit des choses qui se sont révélées justes par la suite », a-t-il affirmé. Et de poursuivre : « Au moment où l'on pensait qu'il avait été +débarqué+ par l'armée, il m'a dit qu'il avait démissionné de son propre chef », suite à l'interruption du processus électoral. Pour Me Brahimi, « Chadli ne voulait pas se déjuger et avait estimé devoir se retirer par devoir patriotique ». « Il a assumé ses fonctions et sa mission de président de la République et n'était pas un politicien amoureux du pouvoir », a-t-il ajouté. Sur le plan diplomatique, Me Brahimi a inscrit au crédit de l'ancien président Chadli Bendjedid, entre autres, les accords de Taef qui ont mis fin à une guerre civile de 20 ans au Liban.