Dans l'almanach des luttes de libération, le mois d'octobre est une date prémonitoire qui a servi les grandes causes. La place de la Concorde à Paris a porté la révolte populaire de l'émigration algérienne dans l'Hexagone. Un évènement historique qui fit basculer la IVe République dans le chapitre des crimes contre l'humanité. Des centaines de morts et de disparus. La mort par noyade fut inventée par Papon. Les eaux de la Seine, témoins d'une ratonnade systématique contre les Algériens, se mêlent sous le pont de l'Alma pour rejeter des corps inertes. Un cadre des plus macabres figé dans les mémoires. Aujourd'hui, cinquante-deux ans après, l'Histoire interpelle les consciences sur ces crimes coloniaux. La commémoration de ce douloureux épisode participe ainsi à légitimer la demande de la reconnaissance par la France de ses crimes de guerre perpétrés contre les Algériens. En mauvais élève d'un passé impérialiste, la France officielle, à cheval entre le colonialisme positif et le négationnisme, nouvelle version, ne veut pas entendre parler de pardon. Après les essais nucléaires de Reggane, et leurs conséquences radioactives dont souffrent les populations algériennes, nous voilà face à la terrible équation du massacre sur ordonnance. Le prolongement de la lutte de libération n'est pas près de s'éteindre. Le courage politique, absent de l'autre côté de la Méditerranée, laisse présager une fuite en avant des politiques qui continuent de croire à un combat de trop pour éviter la sentence historique des crimes commis durant la colonisation. Dans ce dernier retranchement tragi-comique, la tartufferie continue de faire des émules pour faire reculer le sursis. l y aura toujours un dix-sept octobre pour rappeler à l'humanité « qu'ici plusieurs centaines d'Algériens furent noyés et torturés sans autre forme de procès ».