La partie visible de l'iceberg est pour la Suède ce qu'est le mont Chenoua pour Cherchell. On aura beau tartiné sur ce superbe mont qui a tant fait parler l'histoire. Il en restera à dire et à redire sur son mystère et ses habitants ! Dans les fins fonds de la Césarée antique, il subsiste comme un pan de l'histoire perché en haut de ce mastodonte rocheux. A croire que le temps s'est arrêté sur un passé jalousement préservé par les Ichenouiène. A travers les chemins escarpés accidentés menant au sommet de cette montagne légendaire, les petits hameaux accrochés aux flancs de falaises nous plongent dans une atmosphère numide dégageant la très forte odeur de peupliers chauffant les chaumières. Même Assia Djebbar, de par sa nostalgique appartenance, est déjà passée par là pour saluer les « femmes du mont Chenoua ». Un hommage haut de distinctions qui prend à témoin la richesse intrinsèque d'une culture millénaire enfouie dans ce superbe maquis. Qui de ces courageuses dames ne porte pas en elle la traditionnelle fête de « Yennayer » pour mettre le calendrier berbère à l'ordre du jour ? Dans la besogne coutumière, les préparatifs battent leur plein pour accueillir un événement haut en couleur et de panache culinaire. On y pense déjà, la récolte des arbouses et des jujubes à déjà commencé. Ces fruits champêtres donnent le ton à une série de cueillettes végétariennes pour respecter comme il faut les bienfaits de Dame nature. Ce sera toujours comme au bon vieux temps, les grandes jarres d'huile d'olive font foi d'un remake pour saluer en grande pompe la victoire du roi Chechnak III sur le Pharaon. Dans cette grande kermesse champêtre célébrée dans la convivialité très notable des gens du Chenoua, apparaissent tous les trésors culturels. Les pieds du mont Chenoua ne sont pas à la traîne. Ils arrivent à travers leur unique savoir-faire à imposer leur arsenal artisanal qui, dans le ciselage du bois et de la poterie, révèle de talentueux ouvriers ayant traversé le temps. Au-delà de cette magnifique fête, il y a comme un goût d'inachevé si on ne visite pas le saint patron de la cité Sidi Brahim El Ghobrini. Cherchell dans son charme mystique romain continue de respirer le passé glorieux de Césarée.