Que ce soit dans des petits villages ou dans les grandes villes, bon nombbre de retraités se regroupent, souvent, dans les cafés, investissent les jardins publics ou se rassemblent aux pieds des immeubles. Histoire de passer le temps. Autour d'une bonne tasse de thé ou de café, les hommes s'adonnent davantage à ce jeu qui devient une passion au fil du temps. Au jardin Taleb-Abderrahmane, de Bab El Oued des dizaines de retraités passent leur temps à jouer aux dominos. A cet effet, ils se munissent de tabourets, de tables de fortune, d'un tapis, d'un crayon et d'un papier pour transcrire les scores et, le tour est joué. Ils se rassemblent, par groupes, pour s'adonner à des parties interminables. Des cris, des éclats de rire, une certaine jovialité et des énervements caractérisent l'ambiance. Aâmi Ahmed, dos courbé, habillé en bleu Shanghai, se dit un mordu de dominos. « Tu sais, il m'arrive de convoquer les autres « mousquetaires », de bonne heure, rien que pour faire quelques parties de dominos », a-t-il confié. Les équipes restent là jusqu'à la fin de la journée. Et les cliquetis des pièces de dominos font bon ménage avec le ronflement des moteurs qui tournent aux alentours du jardin. Les humeurs du temps n'ont jamais empêché les équipes de pratiquer leur jeu favori. Qu'il pleuve ou qu'il vente, ils seront de la partie. A peine installés, ils sont déjà encerclés par des dizaines de spectateurs. La partie de jeu est rythmée par des anecdotes, des allusions, des codes mais aussi par les emportements des perdants ! Un vrai spectacle pour les des badauds Avant d'entamer la partie, les trois compères de Aâmi Ahmed doivent d'abord se mettre d'accord sur le jeu de dominos à pratiquer : « Le double blanc », ou « Les dominos classiques ». Le pari est simple, l'équipe qui perd paie la consommation, généralement des cafés ou des thés. « Tout le plaisir est là », dira un habitué des lieux. Les joueurs sont généralement des retraités. « Je suis content lorsque je vois mes adversaires passer au comptoir pour payer les consommations », nous dit aâmi Ahmed. À la fin du jeu, c'est toujours lui qui totalise le moins de points lorsque le jeu est fermé, ou c'est lui qui se débarrasse, en premier, de ses sept pièces. Comme au jardin de Bab El Oued, plusieurs quartiers d'Alger connaissent la même ambiance. Ce « vice » touche même les jeunes. Ainsi, des groupes se retrouvent tous les soirs au bas des immeubles, claquant les pièces et haussant la voix, ce qui dérange parfois le voisinage. « On ne se contrôle pas », a répondu Ryad, joueur de la rue Larbi Ben M'hidi. Pour éviter les désagréments générés par cette situation, les adeptes et les passionnés du domino préfèrent parfois s'engouffrer dans les rares cafés qui daignent encore les accueillir. Les cafés maures d'antan, qui louaient les pièces de dominos, ont, pour la plupart, disparu, au grand dam de ces joueurs invétérés.