Jeux n Les interminables parties de dominos constituent le principal loisir pour bon nombre de jeunes et moins jeunes, notamment durant le ramadan. En l'absence d'espaces de loisir et d'animation culturelle, les dominos sont le passe-temps favori de nombreux Algériens dans plusieurs régions du pays. Ce jeu de société semble faire partie intégrante du quotidien des Algériens. Il a détrôné tous les jeux de cartes, qui faisaient l'unanimité parmi les anciens et constituaient l'essentiel de l'ambiance dans les cafés. En évoquant cette époque, les nostalgiques ont résumé : «Autres temps, autres mœurs», à propos de ce nouveau chamboulement en matière de loisirs. Le jeu de dominos, qui exige une certaine maîtrise dans le calcul mental, a été adopté, au fil des années, au point de s'introduire dans les foyers à la faveur de l'insuffisance flagrante de loisirs. En attendant l'ouverture d'espaces culturels et sportifs dans de nombreuses régions du pays, notamment rurales, le petit rectangle à points fait passer le temps à bon nombre de citoyens, notamment les jeunes, rompant la monotonie de certaines longues journées. De nombreux cafés mettent ce jeu à la disposition de leurs clients. Retraités, jeunes au chômage ou travailleurs au repos, leur seul loisir, en fin de journée, sont les interminables parties de dominos au milieu du brouhaha et d'échange de reproches en cas de perte. Tout au long de la journée, des cités entières offrent l'image de salles de jeu, de dominos s'entend, avec des groupes de joueurs dans tous les coins et recoins, au pied des immeubles ou au beau milieu de parkings automobiles. Généralement, ce jeu regroupe quatre joueurs formant deux équipes qui s'affrontent, mais parfois on y joue à deux. «Ce jeu nécessite beaucoup de concentration, d'intelligence et de calculs pour gagner», explique Mokrane, la soixantaine, un féru. Le seul enjeu de ces joutes se limite à... quelques boissons gazeuses ou des glaces à payer par les perdants. Le jeu de dominos n'est toutefois pas l'apanage des habitants des nouvelles cités. C'est même une tradition dans les anciens quartiers populaires où de vastes espaces publics sont toujours envahis par les adeptes de ce jeu. Cette occupation semble procurer encore plus de plaisir aux personnes âgées, tant elle permet d'éviter la solitude et de faire travailler leurs méninges. Et puis il y a ceux qui se contentent d'observer mais qui semblent prendre autant de plaisir que ceux qui jouent. Certes, ce jeu représente la seule échappatoire pour de nombreuses personnes, toutefois gare à la dépendance ! Une expérience vécue par de nombreuses personnes qui ne peuvent plus s'en passer même pas une journée. En effet, plusieurs personnes négligent leurs affaires, leurs familles, leurs études et se mettent à jouer autour d'une table à longueur de journée. En outre, certains joueurs qui s'excitent durant les parties tapent fort sur la table faisant un bruit assourdissant. Là aussi la modération est vivement conseillée. Interrogé sur cette occupation, des jeunes rencontrés dans un petit jardin public à Kouba ont estimé qu'ils ne sont pas des mordus de ce jeu. «Généralement, on ne le pratique que pendant le mois de ramadan. Le reste de l'année, on est occupé à travailler et on oublie ce jeu», nous dit l'un d'eux. En un mot, le citoyen s'organise pour tenter de combler le vide et jouir ainsi d'un moment d'évasion, le temps d'une ou de plusieurs parties de dominos.