Ce fut, tout au long de cette campagne électorale, un des thèmes de prédilection dans les meetings. Les récriminations des uns et les espoirs des autres exprimaient à la fois un constat amer et un souhait. Ceux qui gèrent les APC seraient-ils dans une sorte de tour d'ivoire, inaccesibles au commun des citoyens ? Ces dernières années, malgré l'instauration de journées de réception, beaucoup se plaignent de ne plus avoir l'oreille attentive des élus. Ils se montreraient ainsi indifférents aux doléances. Comme des chats échaudés, des citoyens rêvent dans les meetings, sans trop y croire, que les promesses des nouveaux candidats se traduiront sur le terrain. « Ils tiennent tous le même langage mais une fois élus, ils ne connaissent personne », est un reproche reproduit à l'infini. La responsabilité serait un tremplin pour assouvir des intérêts personnels et rien d'autre. Pour M. Zellim, vice-président de l'APC de M'sila, il ne faut pas toujours prendre pour argent comptant les récriminations. « Sans excuser quiconque, un citoyen chez nous veut toujours obtenir quelque chose, même si la loi ou les règlements l'interdisent », explique-t-il. Il cite en exemple les aides sociales qui « ne devraient pas aller vers tout le monde mais que certains assimilent à un droit ». Le travail et la coordination avec les comités de quartiers ou de villages, s'ils ont atténué les critiques, n'ont pas fait disparaître le mécontentement. La déception est d'autant plus cruelle pour beaucoup d'administrés que sous d'autres cieux on n'éprouve aucune peine à approcher ceux qui ont en charge la gestion des biens publics. L'homme public et, par extension l'élu, n'hésite pas à se mêler dans les lieux et les manifestations publics à ses administrés. Des années durant, les élus, dont beaucoup ont payé de leurs vies, devaient se protéger pour échapper aux terroristes. Ce risque n'est plus de mise avec l'amélioration des conditions de sécurité dans le pays. Boualem Deramchini, qui fut président RND de l'APC de Zemmouri confirme : « Il n'était pas facile en 96 ou 97 d'être responsable. Malgré tout, nous avons continué à assurer la continuité des services. Beaucoup de maires travaillent en équipe et quand la situation l'exigeait, à l'instar d'un tremblement de terre ou de la gestion de l'aide sociale, on sortait sur le terrain et nous recevions, dans un cadre organisé, les citoyens », se défend-il. Pour cet homme, qui a été élu au Conseil de la nation, « il ne faut pas focaliser sur ce point car beaucoup d'améliorations nécessitent un travail technique plus discret et la dialogue n'est en rien l'anarchie ». M. Yermèche, qui, depuis 2005, gère l'APC d'Aghribs, près de Tizi Ouzou, tient quasiment le même langage : « Il faut nuancer ce jugement sévère à l'égard des élus. Certes, peut-être que ceux qui sont arrivés à leurs postes en ayant recours à la fraude ne peuvent pas se montrer devant les citoyens », observe-t-il. Selon lui, « d'autres recevoivent les citoyens même les week ends et sans grands moyens, leur parlent et les écoutent ». Pour remédier à cela, il estime que « le candidat doit avoir des aptitudes à la communication, être compétent en matière de gestion et de droit pour expliquer et désamorcer des situations de crise. Dans les petites villes, notamment, le lien est plus simple à établir que dans les grands centres urbains où le maire exerce des responsabilités d'une ampleur telle que son temps est compté. Il s'éloigne de plus en plus de l'image et de la réalité du responsable qui est un fils de la ville reconnu et salué. Le dialogue est d'abord une affaire de personnalité et de tempérament de l'élu. La vérité est à mi-chemin entre la satisfaction et l'exagération.