Un accident de la circulation peut mener à la mort mais aussi au handicap à vie. En une fraction de seconde, la vie d'un être humain peut basculer. Ce dernier pouvant passer le restant de sa vie cloué au lit ou, dans le meilleur des cas, sur une chaise roulante. Les estimations des différents services intervenant dans le domaine de la sécurité routière (Gendarmerie nationale, police, Protection civile), font ressortir que quelque 10 % du nombre total de blessés dans les accidents de la route garderont un handicap à vie. En 2011, environ 4.000 nouveaux handicapés sont venus s'ajouter aux 2,5 millions de handicapés toutes catégories confondues recensés par le ministère de la Santé à travers le pays. Ce basculement survenu dans la vie d'un être né sans le moindre handicap a besoin d'une prise en charge en soins spécialisés, mais surtout d'une réinsertion sociale. Sachant que, selon des estimations, 60 % des rescapés des accidents routiers nécessitent une prise en charge dans des centres de rééducation fonctionnelle sur des périodes allant de 2 à 12 mois, plus pour les cas lourds comme les paraplégiques (paralysie des membres inférieurs) ou les tétraplégiques (paralysie des membres inférieurs et supérieurs). Les associations de victimes des accidents de la route sont devenues le seul recours pour ces victimes qui sollicitent leur aide pour être soignées ou encadrées afin de reprendre une vie socio-professionnelle normale. La présidente de l'association nationale de soutien aux personnes handicapées, « Al Baraka », Mme Flora Boubergout, qui ne rate aucune occasion pour sensibiliser les automobilistes, affirme qu'il faut sensibiliser pour endiguer les drames de la route qui génèrent des dizaines de victimes de handicaps irréversibles. A ce titre, Mme Boubergout propose d'« ériger des stèles dans les endroits ayant connu des accidents mortels comme cela se fait à l'étranger, pour marquer les esprits et surtout frapper l'imagination des gens ». Son autre proposition consiste en « l'instauration du permis à points qui a donné de bons résultats dans les pays occidentaux. Comme il est indispensable de réorganiser le plan de mobilité des gens et des voitures dans le secteur urbain (feux tricolores, passage pour piétons dûment tracé avec une peinture durable et évidente) et la normalisation des dos d'âne aujourd'hui aménagés anarchiquement ». La présidente d'El Baraka, elle-même victime de la violence routière, tout en appelant à intégrer « l'éducation routière dans le programme scolaire », interpelle les nouveaux élus à « rendre l'environnement accessible aux handicapés moteurs en songeant à normaliser les édifices et les espaces publics sans oublier de restituer les trottoirs à leurs utilisateurs, les piétons », insiste-t-elle. Pour Mme El-Mameri, présidente de la Fédération nationale des personnes handicapées (FNPH), les accidents de la route qui provoquent des drames humains effroyables sont liés à l'inconscience et au manque de civisme de certains. Elle estime qu'il faut « établir des sanctions à la mesure du degré de gravité du délit ». Toutefois, elle n'évacue pas totalement l'idée de la sensibilisation. Mais cette dernière « doit être faite par les victimes des accidents elle-mêmes en racontant leurs histoires pour sensibiliser le maximum de personnes ». Parmi les actions menées par la FNPH au profit des handicapés moteurs, nous signalerons l'ouverture d'une école de conduite pour initiation à diriger une voiture aménagée. Une manière de reconquérir son autonomie.