Les Etats-Unis optent pour la politique du bâton et de la carotte avec l'Iran. Ils pressent les Européens qui ont adopté le 17 juin des sanctions plus sévères que celles votées le 10 juin par le Conseil de sécurité de passer à l'acte sans attendre le 26 juillet prochain, date où leurs ministres des Affaires étrangères devraient se retrouver à Bruxelles pour «préciser les modalités de ces sanctions» (interdiction des nouveaux investissements et de transferts de technologies dans le secteur de l'énergie). C'est pour inciter les dirigeants iraniens à retourner à la table des négociations avec le «Groupe des cinq plus un pour trouver une solution au problème nucléaire», explique Robert Einhorn, le coordinateur américain pour l'application des sanctions contre l'Iran et la Corée du nord. Parallèlement à ce pressing, les Américains proposent aux Russes et Français de demander au directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique d'organiser une réunion des experts techniques des trois pays avec leurs homologues iraniens. Objectif : résoudre cette question qui suscite des inquiétudes si Téhéran accepte de cesser l'enrichissement de son uranium à 20% et réduire à néant l'initiative turco-brésilienne du 17 mai dernier. La Turquie, pour moult raisons, dont celles d'éviter un conflit à ses portes et de se présenter comme un acteur incontournable au Proche-Orient, remet sur la table l'accord d'échange de combustible, dont elle est cosignataire avec le Brésil et l'Iran. Elle appelle toutes les parties à lancer des «discussions» avant qu'il ne soit trop tard. «Si les différentes parties ne s'assoient pas à la table de négociations, nous serons dans une situation pire que ces temps-ci l'an prochain», estime le ministère turc des Affaires étrangères souhaitant ces «pourparlers» avant le mois d'août et une levée des conditions iraniennes à leur reprise. Selon le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki qui prépare une rencontre avec ses homologues turc et brésilien et une réponse aux lettres de Paris, Washington et Moscou, Téhéran est disponible pour un échange de combustible conformément à l'accord du 17 mai, c'est-à-dire échanger en territoire turc 1.200 kg de son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kg de combustible enrichi à 20% destiné au réacteur de recherche médicale.