La menace de sanctions internationales contre l'Iran suite à son refus d'interrompre l'enrichissement de son uranium se précise de plus en plus. Les six grandes puissances (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Chine et Russie) réunis vendredi à Londres au niveau des ministres des Affaires étrangères ont décidé d'accroître la pression sur Tehéran en se mettant d'accord sur le principe d'élaborer dans les prochains jours un projet de résolution relatif aux sanctions à imposer à l'Iran ; projet qui sera soumis par la suite au Conseil de sécurité. Les négociations autour du dossier nucléaire iranien laisse apparaître de profondes divergences entre les superpuissances partagées entre la position radicale des Américains qui veulent en découdre rapidement avec l'Iran, les Européens qui ont des intérêts économiques stratégiques dans ce pays lesquels sont à la recherche d'une solution négociée de la crise et enfin la Russie et la Chine qui font tout pour éviter à l'Iran la « médication » des sanctions internationales. L'absence de consensus au niveau des grandes puissances autour du nucléaire iranien a poussé les pays partisans de la manière forte contre l'Iran à se lancer dans une guerre psychologique et diplomatique pour mettre l'Iran, la Chine et la Russie devant le fait accompli. Ce n'est d'ailleurs pas fortuit que ce soit le représentant américain à la réunion de Londres, Nicholas Burns, numéro trois du département d'Etat américain, qui est monté le premier au créneau pour annoncer la « bonne nouvelle » à savoir que « la décision a été prise par les six d'aller vers des sanctions. Il reste seulement à savoir quelle est l'étendue de ces sanctions », a indiqué le haut responsable américain. Plus nuancée mais tout en adhérant au principe des sanctions, le ministre français des Affaires étrangères M. Douste Blazy a évoqué pour sa part l'idée de « sanctions proportionnées et réversibles » tout en soulignant que « la porte du dialogue restera ouverte ». Signe de désaccord profond sur le fond de la crise, la Chine n'était pas représentée à la réunion de Londres et le ministre russe des Affaires étrangères n'a assisté qu'à une partie des travaux avant de quitter la séance juste quelque temps après l'arrivée de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleeza Rice, prétextant un engagement. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a démenti les allégations selon lesquelles un consensus s'était dégagé à Londres entre les six pour saisir le Conseil de sécurité de l'ONU et aller vers des sanctions contre l'Iran. Il n' y a pas de projet spécifique de résolution du Conseil de Sécurité a souligné le ministre russe des AE. « Rien n'a été mis noir sur blanc et personne n'a parlé de vote au Conseil de sécurité (...). Les six ont confirmé que les propositions étaient toujours sur la table des négociations et je pense que c'est là le principal résultat de cette réunion », a-t-il dit. Un son de cloche tout à fait différent de celui des Américains et des Européens qui laissait croire que l'étau s'était resserré contre l'Iran. La crise du nucléaire iranien risque de se transformer en conflit ouvert entre les deux blocs qui s'affrontent au sein du groupe des six. Les Américains et les Européens qui ont fini par rallier Washington et à s'aligner sur ses positions d'un côté, la Chine et la Russie de l'autre. La rencontre de Londres est la septième du genre entre les grandes puissances. En juillet dernier, réunis à Paris, les six avaient brandit la menace de sanctions sur la base de l'article 41 du chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui exclut l'emploi de la force armée mais autorise des sanctions économiques et diplomatiques contre des pays qui violent la légalité internationale. Ce groupe des six avait au préalable présenté en juin à Téhéran une offre de coopération technologique et commerciale, subordonnée à la suspension de l'enrichissement d'uranium entreprise dans le cadre de son programme énergétique nucléaire. Une offre qui n'a pas soulevé l'enthousiasme des Iraniens. Au moment où les Européens et les Américains multiplient les pressions sur Tehéran pour l'amener à abandonner son programme nucléaire, une autre crise éclate dans le Sud-Est asiatique suite à l'annonce faite mardi par la Corée du Nord de procéder, à une date non encore fixée, à un nouvel essai nucléaire. L'information a fait l'effet d'une bombe. Les pays de la région, le Japon, la Corée du Sud voisine, ont vivement réagi à cette déclaration menaçant Pyongyang de représailles économiques si elle mettait à exécution son projet. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est empressé, pour sa part, d'adopter une déclaration non contraignante soulignant que « si la Corée du Nord ignore les appels de la communauté internationale, le Conseil agira en conformité avec ses responsabilités aux termes de la Charte des Nations unies ». Le texte adopté par l'ONU est le fruit d'un compromis entre les Etats-Unis qui souhaitaient un message plus musclé, et la Chine, alliée fidèle de la Corée du Nord. La déclaration exige de Pyongyang « de retourner immédiatement et sans préconditions aux pourparlers à six » (Etats-Unis, les deux Corées, Chine, Japon, Russie), qui visent à contraindre la Corée du Nord à abandonner son programme nucléaire. La Corée du Nord boycotte ces pourparlers depuis novembre 2005 pour protester contre des sanctions bancaires américaines.