Chaque année, les feux de forêt ravagent des milliers d'hectares en Algérie. Un bilan de la Direction générale des forêts (DGF) estime que depuis l'indépendance jusqu'à 2011, une superficie de plus de 1,6 million hectares (ha) a été ravagée par les feux de forêt. En 2012, les pertes s'élèvent à 20.000 ha, dont 15.000 ha de forêts et 5.000 de maquis. Les formations forestières touchées sont constituées essentiellement d'espèces résineuses comme les pins (d'Alep, sylvestre et maritime), le chêne liège, le chêne vert, les pistachiers mais aussi d'une multitude d'espèces herbacées. Selon un enseignant en sylviculture à l'université de Blida, le déclenchement des feux de forêts est souvent lié aux conditions climatiques. « Une étude récente a établi que les feux de forêt sont liés au climat à travers de nombreux paramètres directs et indirects. Leur dynamique est, en effet, fortement influencée par le climat, qui détermine les conditions de prédisposition au feu : températures moyennes et extrêmes, quantité et fréquence des précipitations, intensité, direction, durée et type de vent et durée d'ensoleillement », a-t-il expliqué. De plus, les conditions climatiques ont également des impacts sur la végétation, l'évapotranspiration réelle, les conditions de la végétation au sol, etc. Cette conclusion est aussi avancée par un responsable de la DGF. Ce dernier a estimé que l'effet de bord ou effet lisière est aussi un facteur favorisant les incendies de forêt. « Les incendies commencent souvent sur les bordures de la forêt », a-t-il précisé. Dans ce sens, le spécialiste en sylviculture a expliqué que « tant que l'eau est disponible, la végétation pousse plus vite et produit plus de biomasse sur les lisières (à conditions égales de sol, pente, altitude, latitude et exposition). Si l'eau manque (sécheresse), la lisière est alors la zone la plus vulnérable à la déshydratation (évapotranspiration maximale et exposition au vent et au soleil). La végétation sèche peut alors devenir un couloir de propagation rapide du feu, y compris éventuellement en bordure d'allées coupe-feu mal conçues ou mal orientées », a développé, pour sa part, le spécialiste en sylviculture. « Cela dépend de la structure typographique de la forêt et de son cortège floristique. A titre d'exemple, certaines espèces sont hautement inflammables comme le colicotome spinosa. Ce dernier jugule ou donne une impulsion aux feux de forêt », a encore déclaré le responsable de la DGF. « Une fois l'incendie déclenché, les espèces résineuses, ayant un taux élevé de résine qui est considérée comme une matière hautement combustible, deviennent l'outil de sa propagation », a poursuivi le spécialiste en sylviculture. Quant à la régénération de la forêt, les spécialistes estiment qu'elle se fait de manière naturelle, même si dans certains cas, le reboisement est indispensable. « Cela dépend de l'ampleur des dégâts. Pour autant, dans la majorité des cas, une régénération naturelle s'opère. Il s'agit de manière générale d'une multiplication végétative, incluant le rejet à partir de souches dans le cas du taillis sous futaie », a affirmé le spécialiste en sylviculture. D'ailleurs, cette solution pour la sauvegarde du patrimoine forestier national a aussi été avancée par les services de la DGF. Pour autant et au-delà des facteurs naturels, il est impératif de préciser que dans certaines régions, les feux de forêt sont liés à des actions humaines.