L'audition a duré plus de sept heures, afin de faire toute la lumière sur ce crime crapuleux dont a été victime cette fillette de 8 ans. « Toutes les parties qui ont un lien avec l'affaire de l'assassinat de la petite Yousfi Chaima, sont auditionnés y compris les parents de la victime », nous a expliqué le Capitaine Brahimi, chef de compagnie de la gendarmerie de Zéralda, chargé de l'enquête, rencontré sur place. « Nous travaillons jour et nuit pour élucider cette affaire. Le suspect principal a été identifié et est activement recherché », ajoute l'officier, qui précise qu'un mandat d'arrêt national a été lancé à l'encontre de l'auteur présumé. Ce dernier a été identifié grâce aux analyses scientifiques effectuées par les experts de l'Institut national de la criminalistique et de la criminologie (INCC). Toutefois, il a refusé de donner le moindre détail sur l'identité du suspect ni sur d'éventuels complices, au vu la confidentialité de l'enquête. « Les investigations se poursuivent ainsi que les analyses sur les prélèvements de la scène du crime. Toutes les pistes sont étudiées », souligne le capitaine. L'officier n'a pas manqué de qualifier l'affaire de compliquée et sensible en même temps. « Il s'agit du premier cas enregistré dans cette commune », a-t-il souligné. Un gendarme n'a pas manqué de dire qu'il connait la petite comme plusieurs de ses collègues et des habitants de cette petite ville situé à 30 km au sud-ouest d'Alger. « On la voyait souvent en compagnie de son père, vendeur de thé et de cacahuètes. C'était un petit ange, Allah yarhamha », dit-il. Salah, l'oncle de Chaima : « Son corps n'a pas supporté le viol collectif » Hier, on se bousculait de partout pour présenter des condoléances à la famille de la victime. Des familles venues de plusieurs wilayas pour exprimer leur solidarité avec les parents de Chaima. Salah Yousfi, l'oncle de la victime, ne cache pas sa douleur et sa rage. « On veut que justice soit rendue. Que ce monstre soit condamné à la peine capitale », lance-t-il, amer. Salah, est le premier membre de la famille qui a vu le cadavre de la petite, juste après sa découverte dans le cimetière de Sidi Abdallah. « J'ai trouvé son corps déposé sur un carton. Elle avait le visage enflé et il y avait des traces de sang au niveau de sa petite bouche. J'ai remarqué aussi qu'elle avait une griffure au niveau du poignet. Elle portait ses vêtements et aucun organe n'a été prélevé », précise-t-il, avant d'affirmer que sa nièce a subi des violences sexuelles atroces. « Elle est morte parce que son corps frêle n'a pas supporté le viol collectif. Oui ! Cet enfant, âgé à peine de 8 ans, a été violé par 4 personnes », affirme Salah Yousfi, qui se réfère au rapport du médecin légiste. « Ce sont des montres », dit-il en sanglots. Salah a souligné que l'un des auteurs a été identifié. « C'est notre voisin, il habite juste à côté et avait l'habitude de jouer avec Chaima. On ignore le mobile de son acte mais je sais que mon frère Salem (le père de Chaima), en sait quelque chose. Ce criminel avait déjà tenté d'entrer par effraction au domicile parental de Chaima. Il a essayé de soulever le grillage de la porte de l'extérieur mais a pris la fuite en voyant mon frère », a précisé encore notre interlocuteur. Ce dernier explique que son frère n'a pas déposé de plainte pour éviter les problèmes avec son entourage. Le père de Chaima se contente de lancer qu' « on a enlevé ma fille parce que je suis pauvre et sans soutien. C'est de la Hogra ». La famille du suspect a quitté Mahelma L'auteur présumé avait déjà été interpellé dans cette affaire avec plusieurs autres suspects par les enquêteurs de la gendarmerie qui l'ont soumis à des analyses ADN avant de le libérer. Ce dernier, âgé de 29 ans, a alors pris la fuite, et sa famille a quitté le quartier. L'oncle de la victime écarte la thèse de l'assassinat le jour même, affirmant que sa nièce a rendu l'âme au cimetière. « J'ai trouvé le carton mouillé. Elle avait uriné sur elle », précise-t-il. Retour sur les faits Il était 20h00 passé en cette soirée du mercredi à la cité Safsaf. On frappe à la porte de la famille Yousfi Salem, vendeur ambulant de thé et de cacahuètes, à la placette de Mahelma. Chaima court ouvrir. Elle avait l'habitude de recevoir les amis de son père pour récupérer le thé. Mais cette fois-ci, elle ne revient pas. Une voisine, rencontrée sur place, affirme qu'elle a entendu des cris, suivis d'aboiement du chien de la maison. « Quand mon frère est sorti dehors, il a croisé la maman de Chaima en train de hurler : « Ma fille a disparu ». Il faisait noir et il n'y avait aucune trace de la petite », affirme cette femme. Alerté, le père de Chaima informe les gendarmes de la brigade située non loin du quartier. Des recherches ont été lancées mais en vain. Selon une source de la gendarmerie, les recherches effectuées par la brigade cynophile ont fait ressortir que la fillette a été conduite à travers une piste de champ jusqu'au parking de véhicules situé au niveau de la cité AADL de Mahelma, avant d'être jetée dans le cimetière. « Le crime a été commis dans cette localité. Et les auteurs n'ont pas quitté les lieux », affirme un officier de la gendarmerie. La fillette a suivi le suspect qu'elle connait très bien, mais constatant qu'il allait la détourner, elle a tenté de s'enfuir en criant. « Je l'ai entendue crier « Sayabni » (lâche-moi), à deux reprises, avant de disparaitre » , avait déclaré sa mère. Des traces de violence ont été constatées sur sa main. « Elle a été conduite de force », souligne le rapport médical. Quant aux parents des écoliers, ils ont exigé le durcissement des peines pour endiguer le phénomène de kidnapping qui a pris de l'ampleur et qui est devenu une menace réelle.