Ministre déléguée aupres du ministre de la solidarite nationale et de la famille,chargée de la famille et de la condition féminine. Dans cet entretien, la ministre déléguée chargée de la famille et de la condition féminine, Mme Nouara Saadia Djaffer, revient sur la décision prise concernant la création du centre national d'études, d'information et de documentation sur la famille, la femme et l'enfance comme elle affirme que le projet relatif à la stratégie nationale de la famille est fin prêt au niveau de son département. Le Conseil des ministres a approuvé la création d'un centre d'études, d'information et de documentation sur la famille, la femme et l'enfance. Quel est le rôle qui lui a été assigné et quand sera-t-il opérationnel ? Mme la ministre : Il convient d'abord de préciser que ce Centre est un établissement public à caractère administratif. Il est doté d'une personnalité morale et d'une autonomie financière. Sa création se fera par décret présidentiel. Il faut savoir que les mécanismes de sa mise en opération ainsi que l'enveloppe financière qui lui sera attribuée ne sont pas encore fixés. Nous devrons nous réunir avec le ministère des Finances et la fonction publique pour définir tous ces aspects. Pour ce qui est de ses objectifs, il faut retenir en premier lieu la réalisation des études et des recherches à même de promouvoir la situation de la famille, de la femme et des enfants. Ce Centre viendra, également, soutenir les études spécialisées liées aux domaines de sa compétence, exploiter des études et des enquêtes qui sont déjà faites au niveau des unités universitaires ou dans les centres de recherches. Parmi ses objectifs également la collecte des données à même de permettre une connaissance pertinente de la situation réelle de la famille et des conditions des femmes ainsi que des enfants. Ce Centre constituera pour nous une banque de données. Pour vous dire, je reçois dans mon bureau des étudiants qui préparent leur thèse de fin d'étude et à chaque fois ils disent qu'ils n'ont pas trouvé les informations ou la documentation adéquate sur la famille dans les bibliothèques nationales. Alors que normalement un ministère ne peut pas se substituer à un centre de recherche. D'où la nécessité de sa création. Je suis persuadée que ce Centre, une fois opérationnel, va régler énormément de problèmes. Le pas est fait, reste à trouver les compétences spécialisées dans ce domaine. Voulez-vous dire qu'il y a un manque en matière de spécialistes traitant la question liée à la famille ? En effet, les experts traitant les dossiers relatifs à la famille reconnaissent qu'il y a un manque d'études spécialisées en la matière. C'est du moins ce que j'ai constaté depuis que je suis à la tête de ce ministère. Pour cette raison, nous considérons que ce Centre apportera un fort appui et contribuera, sans conteste, à la promotion de la famille algérienne. En plus des missions précitées, il est nécessaire de souligner que parmi ses prérogatives, le Centre est chargé d'organiser des séminaires et des colloques nationaux et même de proposer des prestations de services ayant trait à l'étude des problématiques sur la famille ainsi qu'à la formation des formateurs dans le domaine. Ce Centre, dont le siège sera à Alger, viendra à répondre à un besoin. Dans ce sillage, je tiens à préciser qu'il sera composé de compétences nationales. Il disposera d'un conseil scientifique constitué d'universitaires et de chercheurs ainsi que d'un conseil administratif regroupant des représentants de différents ministères. Cet organisme s'inscrit dans la même perspective des efforts consentis par le gouvernement algérien. Il est important de savoir qu'environ 13% du budget de l'Etat va à cet aspect. Ce Centre va-t-il mettre fin à la bataille des chiffres entre associations sur les violences dont sont victimes les femmes et les enfants ? Effectivement. Nous ne pouvons pas, toutefois, dire que tous les chiffres ne sont pas fiables. La police et la gendarmerie publient chaque trimestre des chiffres sur les enfants et femmes qui ont été victimes de violence. Nous avons réalisé un plan d'action pour les enfants 2008-2015 et une stratégie sur la protection des femmes en situation difficile qui ont défini les partenaires, les priorités et les objectifs. Ils se basent sur des études d'évaluation effectuées en prenant en compte tous les domaines touchant l'enfance et la femme. Le constat est clair. Les résultats démontrent clairement que la situation n'est pas alarmante comme certains le prétendent. Mais cela ne veut pas dire que nous devons croiser les bras. Pour cela, il faut veiller à l'application des lois et conjuguer nos efforts avec nos partenaires pour une meilleure protection de l'enfant et de la femme. Selon vous, l'enfant algérien jouit-il d'une protection juridique ? Bien évidemment. L'Etat algérien, à travers ses lois et ses programmes socio-culturels, a consenti nombres efforts pour le bien être de l'enfant algérien. Les organisations internationales le confirment d'ailleurs. Il faut même dire que l'Algérie se positionne au même niveau que les pays ayant une avancée considérable dans la protection des enfants. Mieux encore, elle est classée parmi les pays qui sont en phase de réaliser les objectifs du millénaire. L'Algérie a ratifié des conventions internationales visant la protection des droits de l'enfant. Les résultats sont palpables et se traduisent par le fait que 97% de nos enfants sont scolarisés, par l'égalité du genre et également par l'accès à la santé avec un suivi permanent. Nous avons fait un état des lieux du plan d'action mis en œuvre en 2008 dont les axes nodales sont l'éducation et la qualité d'enseignement, la santé, l'environnement, la protection, le suivi et l'évaluation. Des objectifs stratégiques ont été tracés ainsi que des priorités. Un comité a été installé au niveau du ministère délégué de la Famille et de la Condition féminine. Ce qu'il faudrait retenir c'est que la question de la protection des enfants est transversale. Elle nécessite l'implication de tous les ministères concernés de la famille et la société civile. La commission se réunit régulièrement pour l'évaluation des programmes appliqués dans chaque ministère et définit par la suite les contraintes ainsi que les solutions à entreprendre dans l'avenir. Nous travaillons également avec les organisations des Nations unies particulièrement avec l'UNICEF. Pour ce qui est de mon département, il a pour mission de veiller à la mise en œuvre des programmes tracés dans ce domaine. Le législateur a également un rôle primordial à jouer et devra veiller à l'application rigoureuse des lois. Au niveau de notre département, nous avons lancé des campagnes de sensibilisation et d'orientation à l'égard des parents, des enfants, des maisons de culture au niveau de la jeunesse. Nous avons d'ailleurs décidé d'asseoir régulièrement des actions de sensibilisation durant l'année afin de traiter des diverses questions en relation avec l'enfant. Nous avons même eu recours aux nouvelles TIC pour faire passer des messages. Qu'on est-il sur l'adolescent ? Une étude a été réalisée par le centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle et sera présentée prochainement. Elle consiste à démontrer la relation enfants-parents, la participation de la jeunesse dans les contextes familiaux et scolaires. Cette étude a été réalisée à travers des focus groupes qui ont permis de regrouper des jeunes dont l'âge varie entre 13 et 20 ans. Elle est un appui pour nous car il y a méconnaissance sur les problèmes de l'adolescent : étape très délicate dans la vie de la personne. Vous avez déclaré que le projet de stratégie nationale de la famille sera prêt au mois de juin. En quoi consiste-t-il ? Nous sommes en train d'y apporter les dernières retouches. Après discussion avec les différents partenaires, et après avoir fait un état des lieux sur la famille algérienne, il est à souligner que la stratégie se base sur deux dimensions essentielles qui sont : La famille en tant qu'institution et cellule de base de la société. Les catégories sociales aux besoins différents composant la famille. A travers ses dimensions, la stratégie a défini trois grands domaines d'intervention accès sur l'autonomisation des familles. Celle-ci est liée au renforcement des compétences individuelles et familiales par l'éducation et l'information pour une meilleure communication au sein de la famille et une meilleure préparation à la vie de couple pour induire des changements d'attitudes et de relations entre les composantes de la famille, pour assurer la cohésion familiale. Les dispositions à caractère économique et social complétant les transformations précédentes et consolidant la justice sociale en particulier pour les jeunes, les personnes à besoins spécifiques et personnes âgées. L'amélioration de la qualité de la vie de l'ensemble des citoyens tant sur le plan écologique que des loisirs et de la culture. Parmi les objectifs développés il sera question d'œuvrer à bâtir des relations conjugales basées sur le respect mutuel et la tolérance afin de lutter contre la violence au sein de la famille. Quant en est-il de la stratégie de la promotion et l'intégration des femmes adoptées en 2008 ? Le programme en question s'articule autour de trois thèmes à savoir l'intégration socio-économique de la femme, la lutte contre la violence et le renforcement de sa présence dans la sphère économique et politique. Le président de la république a ordonné au gouvernement à prendre les mesures drastique pour la mise en œuvre des instructions prononcées lors du 8 mars 2009. Une meilleure représentation des femmes dans les instances élus conformément à l'article 31 bis de la nouvelle Constitution est impérative. Le chef de l'Etat a même insisté pour qu'il y ait des pourcentages raisonnables pour que les femmes puissent adhérer à des postes de responsabilités dans la gestion des entreprises. Après constat, il convient de signaler que des progrès incontestables ont été réalisés. Nous devons continuer en ce sens car nous estimons qu'il est nécessaire d'instaurer une égalité des chances, c'est un principe constitutionnel. Il faut sensibiliser pour le changement des mentalités quant au rôle de la femme dans la société. Contrairement à l'homme, il y a des contraintes bloquant l'évolution de la carrière de la femme. Une évolution à deux vitesses. Je tiens à souligner, en outre, que le plan d'action sur l'intégration socioéconomique de la femme s'inscrit dans la mise en œuvre du programme présidentiel 2010- 2014. La femme doit avoir sa place et être au même pied d'égalité avec l'homme, notamment au sein des instances de prise de décision Dans certains pays à l'image de la France, un débat a été lancé pour prolonger la durée des congés de maternité. Qu'en pensez-vous ? Je pense que la priorité c'est de créer un environnement approprié qui permet à la femme algérienne de concilier vie professionnelle et vis familiale, c'est-à-dire plus de structures adéquates (crèche, garderies d'enfants) entre autres pour une meilleure intégration des femmes dans la vie socioéconomique qui enregistre une présence insuffisante. L'enquête emploi 2008 effectuée par l'ONS auprès des ménages démontre que les femmes ne représentent que 16,8% de la population active. Toute mesure qui viendrait, par la suite, renforcer les acquis des femmes ne pourraient qu'être bénéfique pour la famille.