Désormais, l'entrepreneuriat féminin est un réservoir de croissance. Aujourd'hui, les femmes représentent 46% de la population active alors qu'elles ne représentent que 28% entrepreneurs dans les TPE/PME. Cet écart est important en Algérie, par rapport à d'autres pays industrialisés comme le Canada, l'Italie, le Royaume-Uni ou encore les Etats-Unis qui ont mis en place dans les années 70 une politique offensive pour développer l'entrepreneuriat féminin. La nouvelle approche de l'entrepreneuriat, notamment féminin, qui s'est imposée depuis 1990, est, rappelle-t-on, marquée par la mondialisation et l'apparition de nouvelles tendances internationales quant aux réalités du travail et des rapports homme-femme, tout en estimant, cependant, que les réponses restent souvent inchangées et donc inadaptées à ces nouvelles réalités méconnues et non prises en compte. Toutefois, même si cela vient plusieurs années après, le gouvernement est déterminé à rattraper ce retard et à soutenir les femmes dans leur démarche entrepreneuriale, car faire progresser leur nombre, c'est contribuer à la croissance et à la création d'emplois en Algérie. C'est d'ailleurs, dans ce contexte, que s'organise, depuis hier, un colloque sur l'entrepreneuriat féminin, sous l'égide du ministère délégué chargé de la famille et de la à la Condition féminine. Une rencontre qui a permis de connaître que l'importance des postes de responsabilité occupés par des femmes est très minime. Intervenant à l'ouverture du colloque international sur "l'entreprenariat féminin en Algérie: opportunité, contraintes et perspectives", la ministre déléguée chargée de la famille et de la condition féminine, Mme Nouara Saadia Djaffer a affirmé que les mécanismes de création d'emploi "ne bénéficient pas suffisamment aux femmes", soulignant la nécessité d'envisager leur adaptation par des mesures appropriées afin que la proportion des femmes bénéficiaires atteigne non seulement le niveau de leur taux de participation à la population active, mais encore leur part dans la population totale. Parmi les actions à envisager, selon Mme Djaffer, "il y a celles qui consistent à sensibiliser les femmes elles mêmes susceptibles d'être bénéficiaires des mécanismes en place" et aussi "celles qui consistent à sensibiliser les institutions concernées par ces mécanismes et les personnes en charge de leur mise en oeuvre effective, pour ancrer l'égalité des chances". L'enjeu pour la ministre est de saisir toutes ces opportunités et de les orienter de manière à "rendre l'émergence de cet entreprenariat féminin plus efficiente". Cependant, elle a estimé qu'il appartient, en premier lieu, aux Algériennes de bousculer ces projections statistiques "en prenant à bras le corps le formidable défi qui est posé à notre société tout entière: celui de basculer dans la nouvelle économie qui est celle de l'entreprise performante et du savoir efficient". Elle a indiqué, dans ce contexte, que le travail féminin en Algérie est passé de 3% en 1966 à 17% en 2007, notant une forte présence féminine dans certains secteurs d'activités tels que l'enseignement et l'éducation où les femmes représentent plus de 50% des effectifs, la santé où elles représentent plus de 58% des effectifs et la justice où les femmes magistrats constituent 35,33% du taux global des effectifs. Cela étant, le secteur de l'artisanat ne souffre pas de " complexes " concernant ce point. Les femmes entrepreneuses dans ce secteur représentent plus de 40%. Le secteur judiciaire vient juste après. Quelque 1001 femmes juges, sur un total de 3300 juges, sont réparties à travers les différents tribunaux. Ce qui représente un taux de plus de 30%. Toutefois, l'entrepreneuriat féminin dans le secteur de la PME/PMI, demeure faible et ne dépasse guère les 27%. Une chose est sûre, cette rencontre va permettre de mieux cerner les potentialités féminines, pour accroître leurs participation au développement économique et social de notre pays, à travers notamment, une étude de l'élargissement des critères d'accès à l'aide pour les femmes créatrices ou repreneuses d'entreprise, la mise en place de formations à l'entrepreneuriat (ou à la création ou reprise d'entreprise) spécifiques aux femmes, et la mobilisation et le soutien des réseaux d'accompagnement en faveur du développement de l'entrepreneuriat féminin. Ce colloque permettra également aux participants, de "réfléchir" aux perspectives à travers la confrontation des analyses et réflexions d'universitaires et experts, des expériences de femmes entrepreneuses, mais aussi des expériences menées au Maghreb et en Europe.