Il y a moins d'un mois, soit quelques jours seulement après le kidnapping de la petite Chaïma, la ville de Koléa et ses environs ont vécu des moments de frayeur suite à une rumeur faisant état d'une tentative de kidnapping qui aurait ciblé un jeune enfant de la localité. Après que la police a mis la main sur deux suspects, l'enquête a conclu qu'il s'agissait d'un malentendu et que l'enfant avait reconnu que les deux hommes ne lui ont fait aucune avance ni malmené. Cet épisode a été, selon un officier de la sûreté de wilaya de Tipasa, un exercice grandeur nature pour les policiers qui ont pu arrêter les deux suspects en moins d'une demi-heure après que l'alerte a été donnée. Cette efficacité dont ont fait montre les policiers n'a pas laissé les habitants de Koléa indifférents dans la mesure où ce succès a été apprécié unanimement. Néanmoins, les drames qui ont emporté successivement Chaïma et Soundousse, ont fini par installer un climat de psychose, notamment chez les parents qui désormais surveillent leur progéniture. Selon la commissaire Dameche Halima, chef de brigade des mineurs, protéger les enfants des dangers de la rue est l'affaire de tous, à commencer par les parents, l'école et la police. La vigilance doit être de mise. Le travail de prévention et les campagnes de sensibilisation menés au profit des mineurs sont deux armes efficaces pour lutter contre les dangers moral et physique qui peuvent éventuellement les guetter dans la rue notamment et, partant, juguler le risque de kidnapping. « Chaque année, la brigade des mineurs mène des campagnes de sensibilisation à l'adresse des mineurs dans les écoles primaires, CEM, lycées et CFPA. Nous organisons régulièrement des journées portes ouvertes sur différents thèmes liée aux mineurs. Au cours de nos rencontres avec les mineurs, nous ouvrons à chaque fois des débats généraux pour que tout le monde y participe », indique la commissaire, pour qui, ces espaces de dialogue sont nécessaires. « Lors de ces rencontres avec les mineurs, nous leur rappelons automatiquement qu'ils peuvent appeler gratuitement et à tout moment la police au 15 48 ou le 17 pour demander de l'aide en cas de danger. Aussi, la DGSN a mis sur Internet un site (www.algeriepolice.dz) pour recueillir tous les témoignages et renseignements relatifs à des abus, des agressions ou autres crimes de quelque nature qu'ils soient », informe la commissaire. Aucun cas d'enlèvement à Tipasa durant ces trois dernières années « Du 1er janvier au 31 décembre 2012, aucun cas de kidnapping n'a été recensé dans la wilaya de Tipasa, du moins dans les territoires relevant de la compétence de la police. Toutefois, on a enregistré deux plaintes déposées, en 2012, par des parents en ce sens. Après enquête, les deux cas n'étaient pas du tout des enlèvements mais plutôt des fugues en compagnie d'autres personnes. En 2011, on a enregistré 7 cas similaires qui concernent 3 garçons et 4 filles, alors qu'en 2010 ce nombre était de quatre, soit trois garçons et une fille. Depuis 2010 à nos jours nous n'avons recensé aucun cas de kidnapping », atteste-t-elle. Les parents qui se rendent compte de la disparition de leur enfant pensent automatiquement à l'enlèvement. « C'est une réaction humaine, or dans la plupart des cas, il s'avère que ce sont des fugues. Cela dit, en 2012, nos services ont recensé 104 cas, soit 85 garçons et 15 filles qui étaient sujets à un danger moral ou physique. En 2011, nos statistiques font état de 76 garçons et 30 filles, victimes du même risque et 57 garçons et 19 filles en 2010 », énumère-t-elle ajoutant que « le nombre de mineurs en danger moral et/ou physique pris en charge par la police augmente en été ». Ceci s'explique par le fait que des mineurs viennent en groupe pour passer quelques jours de vacances sur la côte à Tipasa, des fois sans aviser au préalable leurs parents. Parmi les autres causes qui poussent les mineurs à quitter le domicile familial, les notes obtenus à l'école. « Si l'élève obtient moins de 10 de moyenne, c'est son parent qui récupère son bulletin scolaire. Ayant peur des conséquences ou de la réaction excessive des parents, certains élèves choisissent la fugue au lieu d'affronter la colère des parents », ajoutera-t-elle. Quoi qu'il en soit, la protection des mineurs est l'affaire de tous. Que chacun assume ses responsabilités pour qu'il n'y ait pas de faille pouvant être exploitée par les monstres et autres prédateurs humains.