Très souvent, histoire de casser la routine qui s'installe aisément en hiver, on décide de s'offrir « un petit resto ». C'est accompagné de ses amis ou de sa famille que l'on choisit de passer un moment sympathique à table, appréciant de belles assiettes. Celles-ci sont parfois considérées comme de véritables œuvres d'art, vu la finesse et la précision de la préparation et la créativité avec laquelle elles sont présentées. Un connaisseur en art culinaire irait jusqu'à dire qu'« une belle assiette n'est pas seulement un plat consistant, mais une présentation qui donne envie de prendre sa fourchette. Les meilleurs chefs cuisiniers sont ceux qui vous rendent curieux de goûter un plat en vous faisant aimer son histoire. Votre couvert devient dès lors un instrument de découverte, c'est ce qu'il y a de plus amusant dans les sorties au restaurant, d'ailleurs ». Nul besoin de pinceaux, de gouache ou d'acrylique pour jouer avec les couleurs, ces artistes sont de véritables adorateurs des produits de la nature. La beauté de leurs réalisations repose sur les épices utilisées et la fraîcheur des accompagnements. Seule différence, c'est que pour ceux qui n'ont pas le don, devenir cuisinier ne se fait pas à coup de spatule magique. En effet, des formations existent chez nous à condition d'avoir un certain niveau scolaire et une passion pour la cuisine. M. Ferhat, directeur de l'institut national d'hôtellerie et de tourisme (INTHT) de Tizi Ouzou, explique que deux types de formation existent au sein de son institut. « Nous formons des techniciens en 24 mois et des techniciens supérieurs en 30 mois, un niveau de 2e année secondaire est exigé pour les premiers alors qu'un bac ou une terminale est nécessaire pour un TS ». La formation débute avec trois mois de polyvalence, après quoi les étudiants font un choix de spécialité. L'INTHT compte aujourd'hui 150 étudiants, toutes spécialités confondues, dont la formation repose beaucoup plus sur la pratique. « Durant leur cursus, les étudiants passent par une phase de formation théorique qui englobe la technologie professionnelle de cuisine, l'hygiène alimentaire, la nutrition et les langues étrangères qui leur permettent d'améliorer leurs compétences en étant ouverts à d'autres cultures », ajoute M. Ferhat. Quant à la pratique, qui représente plus de 50 % de la formation, selon lui, elle consiste en l'exécution d'un programme de plats. « L'étudiant réalise plus de 120 recettes qu'il expose devant un jury », explique notre interlocuteur précisant que « le programme est basé essentiellement sur la cuisine universelle, seul un petit volet est consacré à la cuisine algérienne ». La cuisine du terroir ne semble pas être une priorité dans la formation des cuisiniers algériens et pourtant elle représente l'un des éléments essentiels au développement du tourisme. Mais avant de l'enseigner, faut-il d'abord la codifier. Selon M. Ferhat, « enseigner la cuisine du terroir est un objectif à atteindre pour nous, mais cela exige une codification de celle-ci. Pour cela une équipe de professionnels doit être mobilisée, un sociologue, un historien et des chefs cuisiniers. On n'apprend pas à un cuisinier de mesurer au coup d'œil. La précision des grammages est primordiale. Lorsque la recette du fameux « M'touem » est codifiée, cela la rendra facile à réaliser même pour des chefs étrangers », dira-t-il.