Des milliers de personnes anonymes, des musiciens, des cinéastes, des hommes de théâtre, des acteurs et des interprètes ont tenu, mardi dernier, à rendre un ultime hommage à Abderrahmane Bouguermouh, décédé dimanche dernier à l'âge de 77 ans, à l'hôpital Birtraria d'Alger. Ces artistes ont fait le déplacement par bus, à l'initiative de l'ONDA (Office national des droits d'auteur et des droits voisins), pour assister à l'inhumation de leur ami Abderrahmane Bouguermouh, à Ighzer Amokrane, dans la commune d'Ouzellaguen, à 55km du chef-lieu de la willaya de Bejaia, région natale du défunt. Ils n'ont pas manqué de rappeler l'engagement de Bouguermouh en faveur de la promotion du cinéma algérien et son rôle de pionnier du film amazigh. Kamel Hammadi, Farid Ferragui, Amour Abdennour, Boudjemaâ Agraw, Hassane Elhadj, Rmimez, Abdelmalek Cherid, Amar Laskri, Ghouti Bendedouche... tous évoquent les qualités, les souvenirs du défunt qui a consacré sa vie à la création et à la promotion de l'art. « Abderrahmane, nous l'avons connu, il y a plusieurs années. Nous l'avons connu à ses débuts, puis, certains d'entre nous ont collaboré et évolué à ses côtés. C'était un garçon très attachant, toujours souriant, la joie de vivre personnifiée. C'est l'image que nous gardons de lui, l'image d'un homme au grand sourire, aux grands éclats de rire. Dans ce moment si triste, nous voulons assurer sa famille et ses proches de toute notre solidarité et de notre affection. » Mardi après-midi, sous un soleil de plomb, les interprètes de la chanson, le peintre, Abdelmalek Cherid, les cinéastes Amar Laskri, ou encore Ghouti Bendedouche et bien d'autres étaient là pour dire adieu à leur copain Abderrahmane Bouguermouh, dont la perte a plongé sa famille, ses amis et ses confrères dans un immense chagrin. Du « circuit » aussi, les journalistes formulent quelques commentaires qui complètent la description de la journée. « Abderrahmane Bouguermouh laisse le souvenir d'un complice car, au-delà du cinéma, il savait tout faire dans son métier », témoigne un journaliste de la chaîne II. Un autre, d'un autre quotidien commente : « Défilé sans âme, cohue sans esprit et inhumation intelligente ». Ou encore : « Abderrahmane n'a jamais été le témoin de funérailles où l'idée de la mort fut aussi absente ». Une circonstance affligée mais une journée qui s'annonce fantastique par le parcours des paysages féeriques que nous avons sillonnés. Au-dessus des rochers, se nichent des lacs, des arbres bourrus et d'immenses pierres couvertes de mousse. Les arbustes au bord des ruisseaux, qui sont recouverts de givre et les arbres vêtus de neige, sont de toute beauté. L'eau des ruisseaux termine sa course dans la vallée pour atteindre Ighzer Amokrane. On a revu, le temps d'un après-midi, d'un laps de temps, Bgayet que tout le monde loue, comme aimait s'enorgueillir Fazio Degli Uberti (1305-1367), auteur du chef-d'œuvre Dittamondo. Ereintés pour certains mais arrivés à temps, sur les lieux, il y avait déjà foule. Le cortège est orchestré par une troupe appartenant aux scouts musulmans d'Ouzellaguene. Dans ce même cortège, la dépouille mortelle a été conduite jusqu'à un champ d'oliviers, propriété de la famille Bougermouh. Un petit cimetière a été aménagé dans un coin de ce vaste champ où reposent les ancêtres de cette famille et situé dans la vallée de la Soummam, encadré par deux chaînes de montagne dont le fier Djurdjura revêtu d'un large manteau de neige. Abderrahmane est enterré près de son jeune frère, Malek, un talentueux homme de théâtre, disparu tragiquement et dont le théâtre régional de Bejaia porte le nom. Sous l'impulsion de ses admirateurs, Abderrahmane Bouguermouh se plaisait à multiplier les idées et à développer son penchant. Abderrahmane Bouguermouh a consacré tout son temps à parfaire son savoir et son rendement. Sa volonté et son talent lui ont permis d'accomplir un remarquable parcours artistiquec couronné de succès. Dans ses œuvres, il expose, exprime et laisse transparaître ses états d'âme, sa révolte face à un monde en perdition et ses illusions perdues. Il était de cette trempe d'intellectuels qui s'engagent et s'assignent de convaincre les hommes d'adhérer à une cause. Il exhortait son entourage. Son rôle est alors de délivrer un message pour que le téléspectateur réagisse. Il veut alerter l'opinion publique au nom de la justice et de la vérité. Il convient de savoir que tous les habitants d'Ighzer Amokrane se sont mobilisés pour ses obsèques. La commune d'Ouzellaguene y a engagé l'ensemble de ses agents.