L'ancienne responsable de la cinémathèque algérienne et membre au festival du film amazigh, Mme Khadra Boudhane, a salué les grandes qualités humaines de Bouguermouh, et le « poète » qui s'est révélé depuis son premier court métrage « La grive », réalisé en 1967. Pour elle, la sensibilité poétique de Bouguermouh a été confirmée par l'adaptation de « La colline oubliée », roman de Mouloud Mammeri. Avec ce long métrage, réalisé en 1996, le cinéaste disparu a signé une œuvre d'une grande qualité esthétique, rendue avec précision et fidélité au romancier. Bouguermouh a été consacré au 12e festival du film amazigh de 2012 où il a reçu pour ce long métrage « l'Olivier d'or », la plus haute distinction du festival que le défunt a toujours accompagné depuis son institution en 1999, comme en témoigne Mme Boudhane. Cette dernière n'omet pas d'informer que la revue « Asaru », éditée par le commissariat du festival national annuel du film amazigh, avait consacré, dans son numéro du mois de mars dernier, un long article sur Abderrahmane Bouguermouh. « Mieux », dit-elle, « le prochain numéro de cette même revue rendra un hommage posthume à cette figure emblématique. » « Abderrahmane Bouguermouh a beaucoup donné au cinéma amazigh en apportant son soutien au festival, en particulier par l'encouragement constant apporté aux jeunes talents » dans le cinéma, estime le cinéaste Lamine Merbah. De son côté, le comédien Abdelhamid Rabia rappelle que Bouguermouh a fait partie du premier noyau de réalisateurs et d'hommes de culture qui avaient lancé les premières structures cinématographiques de l'Algérie indépendante, à commencer par le Centre national cinématographique algérien (CNC), créé en 1963 avant d'être dissous quatre ans plus tard. Le comédien Ahmed Benaissa évoque, pour sa part, les grandes qualités humaines et professionnelles de Bouguermouh : « C'était un réalisateur d'une grande sagesse, un intellectuel convaincu, un homme à principes jaloux de son identité, doublé d'un poète à l'humanisme extraordinaire », a-t-il témoigné. L'acteur Saïd Hilmi, son ami de longue date, se rappelle, pour sa part, de ses débuts à la radio où il animait une des toutes premières émissions radiophoniques pour enfants, produite par Bouguermouh. Il souligne, par ailleurs, que son ami a été lésé de son vivant. Il voulait d'ailleurs tourner un film mais il n'a pas trouvé de soutien. Il convient de signaler que le regretté Abderrahmane Bouguermouh aurait voulu faire un film sur Taos Amrouche et sa famille. Elle a été la première à avoir exposé la question berbère au monde. Abderrahmane Bouguermouh demeure un poète du cinéma, un homme généreux et très sensible, autant de qualités qui ont marqué ses films. Abderrahmane Bouguermouh est aussi une mémoire et un repère de notre patrimoine filmique.