Le Hezbollah libanais participera au prochain gouvernement. Israël qui a mené en été 2006 une guerre meurtrière de 34 jours contre le mouvement chiite, met en garde le Liban. «Le Hezbollah fera partie du gouvernement que l'ennemi israélien le veuille ou non», déclare Saad Hariri. La raison de cette «participation» de la bête noire d'Israël et des Etats-Unis, explique le Premier ministre libanais qui souhaite que la sécurité et la stabilité soient établies partout au Liban, sans aucune exception, et que l'Armée et les forces de l'ordre soient assez puissantes pour garantir la sécurité de tous les citoyens, la préservation des «intérêts supérieurs» du pays qui fait face à plusieurs défis (menaces israéliennes, problèmes économiques) qui ne peuvent être «relevés par une seule partie et sans union nationale». Cette décision du fils de l'ancien Premier ministre assassiné de former un gouvernement d'union qui représenterait à la fois la majorité parlementaire et la minorité, mettra-t-elle fin à un suspense qui dure depuis le 27 juin, date de sa nomination, un suspense entretenu par tous les pays qui «jouent la carte» libanaise dans la poudrière du Moyen-Orient ? Selon la presse du pays du Cèdre, Hariri n'est pas au bout de ses peines : les négociations achoppent toujours sur la répartition des portefeuilles. Une répartition qui fait planer le risque d'une crise similaire à celle qui a opposé la majorité et l'opposition pendant 18 mois et failli envoyer le pays dans une guerre civile en mai 2008. Israël menace Benyamin Netanyahu a averti début août Saad Hariri qu'il le tiendrait pour responsable pour toute attaque provenant de son territoire, si le Hezbollah faisait officiellement partie de son gouvernement. «J'espère que nous n'aurons pas à attaquer dans l'avenir des infrastructures civiles alors que nous avons évité de le faire dans le passé pour ne pas porter atteinte au gouvernement libanais», déclare Netanyahu lors d'une tournée dans le sud d'Israël. En 2006, l'aviation israélienne avait concentré ses attaques sur les secteurs sous contrôle du Hezbollah. Ces menaces prennent une autre proportion quand des responsables israéliens promettent au Hezbollah de payer s'il «touche un seul cheveu d'un représentant officiel israélien à l‘étranger ou même d'un touriste». Une éventuelle attaque israélienne contre le Liban si le Hezbollah intègre le gouvernement est fort probable. Ce n'est nullement un hasard si depuis les législatives libanaises les Israéliens font état quasi régulièrement de l'existence d'un arsenal du Hezbollah. «80.000 missiles prêts à être utilisés», disent-ils. Selon le quotidien israélien Haaretz, les responsables de la sécurité s'attendent à des tentatives d'attentats du Hezbollah contre des Israéliens en Europe pour venger la mort d'Imad Moughnieh, le chef militaire du mouvement tué le 12 février 2008 par l'explosion d'une voiture piégée à Damas et «contourner» le «complot» occidental visant à le désarmer à travers l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban