Le Premier ministre, Saad Hariri, cherchera à obtenir des garanties de Washington contre une nouvelle aventure israélienne au Liban, indiquent les analystes à Beyrouth. Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, se rend demain à Washington pour sa première visite officielle aux Etats-Unis, au cours de laquelle il rencontrera le président américain Barack Obama, avec pour toile de fond les craintes d'un nouveau conflit israélo-libanais. Lors de ses cinq jours aux Etats-Unis, le chef du gouvernement libanais devrait essayer de convaincre l'administration américaine d'user de son influence sur l'Etat hébreu pour apaiser les tensions entre les deux voisins, au moment où Israël accuse le mouvement chiite libanais Hezbollah de renforcer son arsenal. «Le Premier ministre Hariri cherchera à obtenir des garanties de Washington contre une nouvelle aventure israélienne au Liban», a estimé Oussama Safa, directeur du Centre libanais des études politiques. «Il veut s'assurer que les Etats-Unis continuent à réfréner Israël et veut obtenir des garanties de sécurité». L'Etat hébreu, qui a récemment accusé la Syrie de fournir des missiles Scud au Hezbollah, avait prévenu qu'il tiendrait le gouvernement libanais pour responsable, et non le mouvement chiite, en cas de conflit armé. Ces menaces, moins de quatre ans après la guerre meurtrière de l'été 2006 entre Israël et le Hezbollah, ont précipité de nombreuses initiatives diplomatiques pour faire retomber les tensions, alors que Washington a obtenu une timide reprise du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Le Hezbollah, considéré par les Etats-Unis comme une organisation terroriste, compte deux ministres dans le gouvernement libanais et est la seule faction libanaise qui ait refusé de désarmer à la fin de la guerre civile (1975-1990). Soutenu par l'Iran et la Syrie, le mouvement chiite justifie son arsenal par la nécessité de défendre le Liban face à Israël. «M.Hariri va dire aux Américains que toute nouvelle opération militaire israélienne ruinerait les perspectives de paix (au Proche-Orient), encouragerait le fanatisme et que personne n'y a intérêt», a déclaré Nabil Bou Monsef, l'expert des questions diplomatiques au quotidien An-Nahar. Outre sa rencontre avec M.Obama lundi, M.Hariri rencontrera plusieurs autres dirigeants américains ainsi que le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a indiqué un responsable gouvernemental libanais. Mercredi, il doit s'exprimer devant le Conseil de sécurité de l'ONU, présidé par le Liban pour le mois de mai. «M.Hariri cherche à maintenir un équilibre dans les relations avec les Etats-Unis, d'une part, et avec la Syrie, d'autre part», a estimé M.Bou Monsef. «Il ne veut ni provoquer la colère des Syriens ni perdre le soutien des Américains». La Syrie a exercé une tutelle politique et militaire sur le Liban pendant trois décennies, jusqu'à ce que ses troupes soient contraintes de se retirer en avril 2005, après l'assassinat de Rafic Hariri, le père de Saad. Damas a démenti toute responsabilité dans cet attentat. La Syrie et le Liban n'ont établi que l'année dernière des relations diplomatiques et depuis, M.Hariri s'est rendu deux fois à Damas. Le Premier ministre libanais, qui a rencontré plusieurs dirigeants arabes ces derniers temps, devrait également relayer leurs préoccupations régionales auprès de Washington. Pour M.Safa, si les Etats-Unis vont tenter d'apaiser les craintes arabes quant au regain de tensions au Proche-Orient, il est aussi probable que la Maison-Blanche demande au Liban de mettre au pas le Hezbollah et de lutter plus efficacement contre le trafic d'armes à la frontière syrienne. «Je ne crois pas que l'administration américaine soit en position de donner (à M.Hariri) des garanties, mais elle lui fera certainement des demandes», a-t-il dit.