Un cabinet d'études américain avait prédit il y a quelques années, la disparition du CD en 2008 ; avec quelques années de retard certes mais à en croire les dernières tendances du marché mondial de la musique, tout porte à croire que la voie du musée sera sa dernière destinée, battu par de nouveaux modes de consommation de la musique et l'apparition de nouveaux supports numériques adaptés au téléchargement et steaming, les deux voies dominantes d'accès à la musique préférées des utilisateurs. Le téléchargement (légal) d'un album ou d'un morceau permet en effet, de le conserver à vie et de bénéficier souvent d'une très bonne qualité audio selon les plateformes, en sachant que certaines boutiques de téléchargement proposent d'anciens albums à prix réduit datant parfois de seulement 1 an pour des sommes modiques. En revanche pour un mélomane ou celui qui veut accéder aux œuvres de nombreux artistes, il devra disposer d'un certain budget qui peut atteindre plus d'une centaine d'euros par an. A ce sujet, la société Apple indique que plus de 25 milliards de morceaux de musique ou chansons ont été téléchargés sur iTunes, un chiffre atteint alors que la boutique en ligne fêtera ses dix ans d'existence en avril 2013. Pour l'anecdote, ce seuil a été franchi par Phillip Lüpke, un Allemand qui a acheté en ligne « Monkey Drums » par Chase Buch, et qui recevra à ce titre, une carte cadeau iTunes d'une valeur de 10 000 euros ! Ce chiffre impressionnant montre le poids qu'a pris Apple dans la dématérialisation de la musique et l'importance du marché que représente iTunes vis à vis des « majors » de la musique. Apple revendique un catalogue de 26 millions de chansons et musiques téléchargeables dans 119 pays. En moyenne, 15.000 morceaux sont achetés en ligne chaque minute sur iTunes, selon ses statistiques. L'autre mode d'acquisition des fichiers musicaux, le streaming, est un service qui existe depuis quelques années. On y accède soit par des services de vidéos en ligne comme YouTube ou Dailymotion qui permettent de regarder des clips de chansons ou en utilisant des services dédiés à la musique comme Deezer, qui vient de lancer son offre sur le marché algérien et Spotify. Ces services sont gratuits mais financés par la publicité ou via un abonnement « Premium » coûtant généralement entre 5 et 10 euros par mois, et 499 DA en Algérie. Ces services ont de nombreux avantages car ils permettent d'écouter autant de morceaux et d'albums souhaités et partager les fichiers écoutés sur les réseaux sociaux. Les abonnements « Premium » permettent d'écouter les morceaux choisis sans limite de temps, sans publicité et surtout de les écouter sur smartphone et tablette ainsi qu'en mode hors-ligne quand il n'y a pas de connexion Internet. L'inconvénient majeur, est que les fichiers écoutés n'appartiennent pas à l'utilisateur tant et si bien que si un service de streaming faisait faillite ou ne disposait plus d'accord avec certaines maisons de disques, l'usager ne pourra plus accéder aux chansons de ses catalogues. Un créneau investi par le géant Google ; depuis le mois de mai dernier, les internautes américains peuvent goûter une version minimaliste du service d'écoute en streaming de Google, qui proposait jusqu'ici uniquement un espace de stockage en ligne. Chacun pouvait y entreposer sa propre musique et l'écouter depuis son ordinateur ou tout appareil mobile sous Android. Google Music sort aujourd'hui de sa bêta privée. Et ouvre une boutique en ligne apte à concurrencer l'iTunes Music Store. Pour ses débuts, le magasin digital embarque les catalogues de trois des quatre majors de l'industrie du disque. A savoir ceux d'Universal, de Sony Music et d'EMI (racheté par lots par les deux premiers), auxquels s'ajoutent 1.000 indépendants. Seuls manquent à bord les artistes signés par Warner. A terme, 13 millions de titres (8 millions pour le lancement) seront disponibles en 320 kbit/s et commercialisés entre 0,99 et 1,29 dollar. Des prix alignés sur ceux de l'iTunes Music Store. Google ouvre également son service aux artistes non signés. Ceux-ci pourront créer leur propre page pour se faire connaître du public et vendre leur musique. Il leur faudra toutefois s'acquitter d'un ticket d'entrée de 25 dollars. Par la suite, les recettes seront partagées avec la firme de Mountain View, qui gardera 30 % du produit des ventes. Une fois achetés, les tubes ou morceaux avant-gardistes d'artistes méconnus viendront grossir la « bibliothèque » de l'utilisateur. Jusqu'à 20.000 titres peuvent être sauvegardés dans l'espace de stockage maison, et ce gratuitement. C'est là que Google pourrait faire la différence avec son concurrent Apple et sa « discothèque dans les nuages » iTunes Match, tout juste inaugurée, qui permet de stocker 25.000 titres moyennant 25 dollars par an. Un service offrant toutefois plus de fonctions, comme une remise à niveau des morceaux de moins bonne qualité, par exemple. Pour les mélomanes avisés disposant d'un bon budget, il existe une possibilité de combiner l'utilisation des deux modes de consommation de musique. Comme écouter gratuitement sur Spotify des morceaux à découvrir puis les acheter pour de bon sur iTunes. Ce sont ces nouveaux moyens numériques et dématérialisés d'accès aux œuvres musicales qui sont entrain de bouleverser les modes de consommation de la musique, poussant vers la sortie le vieux CD. Dans son rapport sur l'état du marché des biens numériques en 2012, rapporté par le site www.01.net.fr, l'institut de recherches GfK (Growth from Knowledge(GfK prédit un avenir limité pour « cette bonne vieille galette qui a fait les grandes heures de la musique dans les années 90 avant d'être touchée sous la ligne de flottaison par Internet et la dématérialisation des supports qui s'en est suivi. Si le bateau CD n'a pas encore coulé, la concurrence a d'ores et déjà pris le dessus... » Supérieures aux ventes de CD aux Etats-Unis et au Royaume-Uni depuis le début de l'année 2012, les ventes de musique numérique continuent de croître à grande vitesse lit-on sur le site www.pcinpact.com . Et si durant de longues années, les téléchargements ont largement dominé les débats, prinpalement avec iTunes d'Apple, le streaming porte aujourd'hui le marché. Selon Strategy Analytics, les revenus tirés du streaming deaient croître de 40 % dans le monde en 2012, contre seulement 8,5 % pour ceux tirés du téléchargement. Avec 1,1 milliard de dollars de chiffre d'affaires prévu pour l'année denière, le streaming est encore loin d'égaler les revenus tirés du téléchargement (3,9 milliards). Sa progression sur un an devrait cependant être très légèrement supérieure à celle du téléchargement, avec une valeur supplémentaire de 311 millions de $ pour le premier, contre 303 millions de $ pour le second. Au total, selon le même site, le numérique devrait générer 8,6 milliards de $ dans le monde, en augmentation de 17,8 %, soit 1,3 milliard de $ supplémentaire en un an. Au final, le marché de la musique (physique et numérique) devrait donc à nouveau régresser en 2012, tout du moins d'après les prévisions de Strategy Analytics. La croissance du marché numérique a donc été portée par le streaming. C'est en Europe de l'Ouest que la différence est la plus significative, avec + 48 % pour le streaming contre + 9 % pour les téléchargements. Aux USA, pays plus mature concernant la musique numérique, le téléchargement ne devrait croître que de 7 %, tandis que le streaming augmentera seulement de 27,8 %. Le succès de Deezer et Spotify en Europe de l'Ouest, bien aidé par les opérateurs internet et mobile, n'est pas étranger à la progression importante du streaming dans cette région. En Amérique, la croissance du numérique cumulée au recul du physique permet au premier de surpasser le second. Pour l'institut, 2012 sera de manière certaine l'année où les ventes de musique numérique dépasseront celles des CD et des autres supports physiques aux Etats-Unis. La Suède et la Corée du Sud pourraient suivre le même chemin. Quant au marché mondial, ce passage de témoin devrait avoir lieu en 2015. En 2012, en France, les CD ont représenté 24% du temps hebdomadaire d'écoute de musique. Loin derrière la radio et la télévision, qui représente 50 % de ce temps. Mais le CD se trouve également devancé par la musique dématérialisée, 27 % de notre temps d'écoute. Un pourcentage qui se répartit de manière quasi égale entre téléchargement (14%) et streaming (13 %). Ce dernier chiffre montrant bien que des structures comme Spotify, Deezer et autres qobuz ont leur place dans le paysage de l'offre légale et de la consommation de musique en général. Cette montée en puissance de la consommation dématérialisée de musique a des répercussions sur les équipements qui servent à l'écoute. Ainsi, les acteurs historiques de la hi-fi ont tout intérêt, selon Mickaël Mathieu, de l'institut Gfk, à prendre en compte cette évolution pour proposer des équipements compatibles avec ces usages. D'autant que l'enjeu de la qualité joue clairement en leur faveur, ajoutait-il. En effet, si la chaîne traditionnelle maintient sa domination pour la lecture de CD, avec 64 % des utilisations, ce sont les PC portables qui lui volent la vedette pour la lecture de morceaux téléchargés (74 %) ou en streaming (81 %). Suivent ensuite baladeurs (33 %) et smartphones (30 %) pour les fichiers musicaux téléchargés, et les smartphones (19 %) et les tablettes (7 %) pour le streaming. C'est une tendance de fond, aujourd'hui la majorité des amateurs de mélodies se tournent de plus en plus vers la musique dématérialisée. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Premièrement les appareils utilisés pour écouter de la musique ont changé. Aujourd'hui les chansons s'écoutent sur des baladeurs MP3 ou sur les tablettes et smartphones. Avantages immédiats : on peut stocker des milliers de morceaux, créer des listes de lecture personnalisées, et surtout c'est encore plus pratique à transporter en déplacement. L'autre raison est le choix et le prix. Avec le numérique comme avec le commerce en ligne, le catalogue de morceaux proposé à la vente peut être illimité car il n'y a pas besoin de stocks et de mètres carrés de rayonnages. Du coup le prix de vente de la musique en ligne est beaucoup plus bas. Sur iTunes ou VirginMega par exemple, on peut trouver les tous derniers albums aux alentours de 10 € (- 30 %) tandis qu'un nouveau single coûtera généralement 1,29 € seulement (-65 %). Aujourd'hui le marché du numérique connaît une forte croissance tandis que le single physique a quasiment disparu et que celui des CD-albums diminue année après année. Face à cette concurrence féroce et cette baisse continue des ventes, les distributeurs physiques comme la Fnac ou Virgin ont des difficultés. Ce dernier vient d'ailleurs d'être placé en redressement judiciaire, au début de l'année. Ce phénomène prospère dans de nombreux pays du monde comme au Royaume-Uni où la célèbre chaîne de magasins HMV a déposé le bilan. « Les temps sont durs pour les grandes chaînes disquaires, après la faillite de Virgin en France, ce fut au tour de la célèbre enseigne britannique HMV de déposer le bilan le 11 janvier » écrit le site www.lesinrocks.com sous un air de glas pour le Compact Disc.