Que n'a-t-on pas dit et écrit sur les visas ? hantise et rêve pour les uns, ce mot pourtant il y a à peine un peu plus d'une vingtaine d'années ne faisait pas partie du langage courant et n'inspirait nul artiste. Toute une génération avait pu voyager librement dans maints pays d'Europe sans songer à s'y fixer. Il est vrai que le monde a changé radicalement car les mots terrorisme, burqa ne suscitaient pas encore les peurs de sociétés fragilisées par les problèmes économiques. L'émigration n'était pas une nécessité pour beaucoup de jeunes. L'Europe qui pourtant était plus attirante n'était pas perçu comme l'eldorado. Les mouvements d'extrême droite qui ont émergé et s'y sont fortifiés ces dernières années trouvent un terreau favorable dans ces craintes de l'étranger qu'on croirait au prime abord justifiées. La maîtrise de la politique migratoire s'est imposée comme une urgence et sert indirectement les pays qui risquent dans le cas contraire une véritable hémorragie de l'encadrement dont la formation fut coûteuse. Une enquête de la Cimade, association connue depuis longtemps pour son aide et soutien aux populations étrangères vient pourtant à travers un rapport sur les pratiques des consulats de France en matière de délivrance des visas de montrer que ces institutions ne présentent nullement un visage digne de la France qui se gargarise d'être la patrie des droits de l'homme. Le rapport rendu public ce week end établit ainsi une véritable cartographie des atteintes aux droits d'accés à ce pays par la multiplication des entraves, l'instauration d'un véritable parcours kafkaien qui révolte de plus en plus dans les pays du sud ou même dans les pays de l'Est prétendument libérés de la chape communiste. Les Algériens ne sont pas exempts de ces tracasseries note le rapport alimenté par une mission d'observation dans notre pays. Il indique notamment que « l'on y enregistre le taux le plus élevé de refus de visas ». Le génie populaire ne s'y trompe pas en associant désormais la lettre C du consulat et même du centre culturel à …commercial. Beaucoup parlent d'arnaques et de refus injustifiés. Le rapport de la Cimade a d'ailleurs produit son effet. « Les refus des pays de l'espace de Schengen de délivrer un visa de court séjour seront motivés à partir du 5 mars 2011 », a annoncé hier le ministère français de l'Immigration. Tous les refus de visa de court séjour seront motivés en vertu d'une obligation introduite par le code communautaire des visas” a précisé le ministre dans un document. Il fixe à 15 jours le délai maximal d'instruction des dossiers, “sauf pour les dossiers posant problème, les dossiers simples peuvent être traités dans la journée”. Les frais d'instruction des dossiers sont fixés : 60 euros pour un visa de court séjour auxquels peuvent s'ajouter 30 euros au maximum si la prestation est externalisée. Certes, les autorités consulaires françaises semblent avoir augmenté ces dernières années le nombre de visas délivrés pour les citoyens algériens. Des efforts pour améliorer l'accueil et le traitement des dossiers sont réels. Pour autant, note le rapport « le taux de refus est extrêmement élevé et très nettement supérieur à la moyenne. Environ 35 % des visas demandés sont refusés alors que le taux de refus moyen en 2008 était de 9, 6 % pour l'ensemble des consulats de France à l'étranger ». Aujourd'hui, les tracasseries liées à ce sésame constituent la face la plus hideuse d'une mondialisation faussement vertueuse. Le village planétaire est plus propice hélas à la circulation des capitaux qu'à celle des hommes.