Les institutions scolaires, notamment les écoles primaires où le tableau noir persiste, la craie continue de faire des victimes. Des enseignants affirment « ingurgiter chaque jour de la craie de diverses façons pendant que l'enseignant écrit et lorsque l'élève efface le tableau. Donc, aussi bien l'élève que l'enseignant sont exposés au risque. L'absorption se fait par la bouche, les narines et même la peau ou le cuir chevelu d'où la diversité des allergies contractées. « Parfois, on entend tousser les élèves, quand ce n'est pas l'enseignant lui-même et dire que nous ne bénéficions pas de prime de salissure », déplore Mme Hamadi enseignante dans une école primaire depuis 15 ans. Mohamed, le père de Narimane, une élève en troisième primaire, a dû emmener sa fille qui avait mal aux yeux chez l'ophtalmologiste. « Le diagnostic a révélé que la petite avait une allergie, voire une conjonctivite allergique », témoigne Mohamed. Dr. Djamel Eddine Oulmane, président de l'Association de sensibilisation par l'image (Primage) atteste qu'effectivement « la craie, sur le plan chimique, est constituée de carbonate de sodium (calcaire), elle est à l'origine d'allergies cutanées (eczéma), l'irritation de la gorge, l'aggravation d'une crise d'asthme et la conjonctivite allergique. En effet, les syndicats des enseignants remontent au créneau et évoquent les maladies professionnelles qui touchent la corporation. Le secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Idir Achour, affirme qu'« une étude réalisée en concertation avec des médecins, il y a de cela trois ans, dévoile que le stress est à l'origine de plusieurs maladies contractées par le corps enseignant et reste un facteur déterminant dans l'apparition de la dépression, principalement chez les enseignants ayant un cumul de 15 années de travail. Beaucoup d'enseignants souffrent de plusieurs maladies professionnelles. 10 %, soit 30 000 enseignants ont souffert de dépression et 60 % souffrent de troubles d'ordre psychologique. Parmi les maladies professionnelles dénombrées, il y a l'hypertension, les troubles du système nerveux et les allergies dues généralement à la poussière et l'utilisation de la craie ». Au sujet de la craie, Idir Achour atteste que « la craie utilisée est de mauvaise qualité, elle a certainement causé d'énormes dégâts d'autant que seulement 50 % des établissements scolaires ont bénéficié de tableaux blancs ». De son côté, M. Benoui, président du conseil du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) dénonce « l'absence de recensement de certaines maladies pourtant contractées au cours du parcours professionnel, notamment celles liées à l'utilisation de la craie et son impact sur la santé de l'enseignant en provoquant les allergies, la sensibilité des yeux, l'extinction de la voix et la détérioration des cordes vocales ». Des recherches attestent également que des dépôts de craie dans l'organisme peuvent provoquer de temps à autre de petits picotements au niveau de la ceinture rénale de l'individu. La craie contribuerait également à accroître le mal de la sinusite chez certaines personnes.