Plusieurs voix exigent l'ouverture d'une enquête sur ce « décès ». Issa Qaraqaa, le ministre palestinien des Prisonniers, exige « la formation d'une commission internationale » pour faire la lumière sur les circonstances de cette mort. 3.000 prisonniers palestiniens se sont joint, hier, au Club des prisonniers, dont sept sont en grève de la faim depuis plusieurs mois. Le Premier ministre, Salam Fayyad, s'est dit « choqué ». Il souligne la nécessité de « divulguer promptement les vraies raisons qui ont conduit au martyre de ce palestinien ». « En tout état de cause, l'occupant ne peut être exempté de responsabilité puisque la mort de M. Jaradat est survenue alors qu'il se trouvait en détention, et dans des geôles de l'occupant, à l'intérieur d'Israël », a-t-il lancé. Comme les officiels qui relèvent que près de 200 prisonniers palestiniens sont morts depuis 1967, dans des « conditions inhumaines dans les prisons israéliennes », Hamas accuse, lui aussi, Israël d'être « responsable de la mort de ce père de deux enfants, arrêté le 18 février dernier, à la suite de heurts près de la colonie de Kiryat Arba, à proximité de son village natal, dans le sud de la Cisjordanie. L'association israélienne de défense des droits de l'Homme, B'Tselem, exige l'ouverture d'« une enquête indépendante, effective et transparente, et qui soit rapidement finalisée ». D'après Shin Bet, le détenu est décédé après le déjeuner à la suite d'un « malaise ». Le service de la sécurité intérieure israélien a ajouté qu'il souffrait de maux de dos et avait été précédemment blessé à la jambe gauche par des balles en caoutchouc, et à l'estomac par une grenade lacrymogène. « Au cours de l'enquête, il (Arafat Jaradat) a été examiné à plusieurs reprises, notamment jeudi dernier, par un médecin qui n'a décelé aucun problème médical », a assuré le Shin Bet dans un communiqué évoquant les interrogatoires. L'administration pénitentiaire israélienne prétend que le détenu est décédé d'un arrêt cardiaque. Il était « en bonne santé » avant son arrestation et il ne souffrait d'aucune maladie, rétorque sa famille. Prenant acte de l'ampleur de cette colère, le gouvernement israélien prend peur. Il demande explicitement à l'Etat palestinien de « calmer » les manifestants et d'« endiguer » l'actuelle effervescence sur le terrain. « Du moins, avant la fin de la visite du président Obama », prévue entre le 20 et 22 mars, en Israël, explique le quotidien Yediot Aharonot. Benjamin Netanyahu a peur. Et d'un embrasement de Cisjordanie avec toutes ces manifestations, et d'une troisième Intifada avec les 18 tentatives d'enlèvement d'Israéliens en moins de trois mois. Comme pour éviter ce double cauchemar, il envisage tous les moyens pour apaiser les Palestiniens et calmer les esprits. Dont le transfert des taxes collectées en janvier au nom des Palestiniens.