« Nous allons utiliser tous les moyens existants et autorisés par les conventions internationales pour acculer dans ses derniers retranchements le Maroc sur la question du Sahara occidental », déclare Régine Villemont, la présidente de l'association française des amis de la RASD, à son retour, hier à Alger, d'un voyage dans les territoires libérés où elle a été reçue, elle et ses accompagnateurs, par le président Mohamed Abdelaziz et une jeunesse sahraouie qui refuse, dit-elle, « de lâcher sur un principe : le droit à l'autodétermination de leur pays ». Juan Mendez, le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, fera son compte rendu de mission sur le Sahara occidental, demain, devant le conseil des droits de l'Homme à Genève, selon Abba El Hayssain, le SG des juristes sahraouis. Au menu de ce rapport, qui sera « dur », selon la présidente de l'association française des amis de la RASD, les « violations » que pratique la police du Royaume au Sahara occidental occupé où, selon des citoyens sahraouis, elle « expérimente » de nouvelles méthodes de tortures, et le recours de Rabat à un tribunal militaire pour condamner « sans enquête aucune » les 24 civils sahraouis » de Gdeim Izik, le « camp de la dignité ». Le Parlement européen ne compte pas se laisser distancer par Genève. Il va « dénoncer », lui aussi, le procès de Gdeim Izik. Sous la pression des douze pays qui ont posé, en 2012, lors de la dernière session du Conseil des droits de l'Homme, des questions au Maroc sur sa présence au Sahara occidental, sera-t-il tenté de demander, comme la FIDH et Amnesty International, aux autorités marocaines « de rejuger les 24 prisonniers sahraouis dans un procès équitable » et d'« ouvrir une enquête sur leurs déclarations liées à la torture et aux aveux obtenus par la violence » ? « En permettant à la justice de prononcer des sentences sévères, le Makhzen a pris un grand risque, celui de provoquer un deuxième Gdeim Izik », dit-elle, qualifiant ce procès de « règlement de compte politique ». « La sentence a été dictée par le Roi Mohamed VI. Par ce verdict, il a voulu retourner aux années de plomb de son père et « décapiter », pour la seconde fois, les manifestations des Sahraouis à Gdeim Izik, dit-elle. Régine Villemont, qui prend acte des erreurs de Rabat et du début de la prise de conscience internationale, est optimiste. « Il y a un espoir que les prérogatives de la Minurso soient élargies », dit-elle. Quand ? « Après le rapport de Christopher Ross », répond-elle. Raison de son optimisme, partagé par Pierre Toutain, un membre de l'association des amis de la RASD : les condamnations en série du procès des 24 par la communauté internationale, la pétition demandant un débat sur la question du Sahara occidental signée par 80 parlementaires européens, la décision du Vieux continent d'annuler un accord de pêche signé avec le Maroc, incluant Dakhla occupée, et la crise malienne. « Le Sahel fait bouger les lignes », dit-elle, non sans se plaindre d'un « embargo médiatique sur le Sahara occidental » dont souffrent ses compatriotes. « Nous avons beau solliciter les gens de la presse, ils ne répondent pas », dit-elle prenant le soin de dénoncer l'« alignement » de la France officielle sur les positions marocaines au Sahara occidental. Et d'avertir son pays, qui a de « terribles » intérêts au Maroc », que « si aucune solution n'est trouvée » au dernier conflit colonial en Afrique, celui-ci pourrait se transformer en « un nouveau Nord-Mali ».