L'adoption dans notre pays est devenue un palliatif aux couples qui perdent l'espoir de concevoir un enfant mais aussi à ces femmes seules qui cherchent à adopter un enfant abandonné par sa mère biologique. A la mère biologique, souvent célibataire, avant d'abandonner son enfant, il lui est accordé un délai de réflexion de trois mois. Les intéressés soumettent un dossier suivi d'un entretien mené par une psychologue. « Cet entretien est déterminant pour situer la motivation de la famille kafila. La motivation, le premier critère des conditions, basée généralement sur l'absence d'une chance de procréer (stérilité), est favorable pour accepter ou non une demande. Suite à cela, une assistante sociale se déplace chez les demandeurs de la kafala et rédige son rapport sur les conditions d'hébergement. Le rapport final est soumis à la commission de la DAS constituée de l'ensemble des intervenants sur le dossier qui évaluera, tranchera et donne son avis » explique Mme Fardeheb. Il existe deux genres d'adoption. Le placement familial (kafala) et la famille rétribuée, celle qui perçoit une aide financière pour chaque enfant placé. Bien que cette dernière soit en voie de disparition, les autorités comptent dynamiser ce procédé, le relancer et le renforcer notamment pour placer les enfants handicapés privés de famille, malades ou de couleur qui restent difficiles à placer chez des familles. Ce renforcement est d'ordre juridique et financier pour encourager les familles à s'occuper de ces enfants. Pour l'heure, la somme allouée est dérisoire. Elle est de l'ordre de 1.600 DA par mois et par enfant malade et de 1.300 par mois et par enfant valide. Durant l'année 2012, les enfants placés en kafala locale (en Algérie) sont au nombre de 1.234. Alors que 471 ont été repris par la maman biologique et 175 sont handicapés. QUAND LA FILLE SE FAIT RARE Contrairement aux idées prévalant dans la société algérienne qui boude la venue au monde d'une fille, dans l'adoption, par contre, le sexe féminin reste le plus demandé. On parle même de « pénurie » de filles dont le nombre est en deçà des demandes formulées. Certaines personnes craignent qu'un quelconque arrangement soit lancé et entériné entre les mamans donnant naissance à des filles et de potentielles familles adoptives lasses d'attendre la naissance d'une fille. Sachant que la moyenne d'âge des demandeurs est située entre 50 et 60 ans. Ce retard est dû, d'après la sous-directrice de la petite enfance et l'enfance privée de famille au niveau du ministère de la Solidarité nationale et de la Famille, « à l'espoir caressé par les couples de voir le fruit de leurs entrailles égayer leur vie et au bout de l'attente l'échec et donc le recours à la kafala ». Le placement d'un enfant dans une famille pour son équilibre psychique et affectif reste la plus belle revanche que puisse prendre cet être victime de l'indifférence et de l'irresponsabilité des adultes qui fuient leurs devoirs. De très belles histoires se sont façonnées dans le temps entre les parents et leur enfant adoptif (makfoul). Néanmoins, d'autres histoires peu reluisantes viennent toujours s'y greffer. Des cas de rejet d'enfants sont répertoriés pour diverses raisons. Le décès ou le divorce des parents adoptifs, la famille ayant des enfants biologiques qui posent des difficultés à l'enfant adopté (makfoul) ou encore lorsque la mère adoptive est seule et ne peut faire face aux changements de l'enfant à l'âge de la puberté, sont autant de facteurs qui précipitent des enfants à la rue et imposent son retour à l'institution, voire à la case départ. Fort heureusement, le taux de réussite des cas d'enfants placés en kafala est important. L'enfant est un être cher qui réclame attention, affection et amour et qu'on doit prendre par la main pour le guider dans la vie jusqu'à l'âge adulte. Cette prise en charge effective et globale ne peut que mettre en ordre les pièces du puzzle, soigner les plaies afin de reconstituer un être jusqu'à le rendre prêt à affronter la vie.