La Russie dénonce ce viol du droit international. « La loi internationale n'autorise pas, ne permet pas de fournir des armes à des acteurs non-gouvernementaux », déclare Sergueï Lavrov. L'ONU met en garde contre le risque d'embrasement. Paris « demande aux Européens de lever maintenant l'embargo » sur les armes à destination de la Syrie. Si ce n'est pas possible, la France, « nation souveraine », pourrait enfreindre l'interdit », déclare Laurent Fabius. « Il faut aller extrêmement vite (...) On ne peut pas accepter ce déséquilibre actuel avec d'un côté l'Iran et la Russie qui livrent des armes à Bachar et de l'autre, des résistants qui ne peuvent pas se défendre. » Livrer des armes, explique-t-il sur France Info, c'est aussi « l'un des seuls moyens qui reste pour faire bouger politiquement » le régime de Damas, ajoute-t-il avant de demander d'avancer la prochaine réunion de l'Union européenne sur l'embargo sur les armes pour la Syrie à...fin mars. « Nous avons comme objectif de convaincre nos partenaires à la fin du mois de mai, et si possible avant. Nous allons employer notre sens de la diplomatie », a déclaré, depuis Bruxelles, François Hollande à l'issue de la première journée du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne. Bien avant le patron de la diplomatie française, David Cameron avait déclaré mardi que Londres allait agir « comme bon (lui) semble » pour livrer des armes à la révolte syrienne. Le général Salim Idriss, nouveau chef de l'Armée syrienne libre, a réclamé, récemment, dans un entretien accordé au Figaro, des missiles sol-air pour faire face aux hélicoptères d'attaque du régime, des armes antichars et des munitions pour les pièces d'artillerie. Angela Merkel, qui plaide pour le maintien de cet embargo, voit d'un mauvais œil cette alliance inédite entre François Hollande et David Cameron. Guido Westerwelle, son chef de la diplomatie, met en garde contre ces livraisons d'armes qui « risquent de nourrir une course à l'armement et de provoquer une glissade vers une guerre par procuration, qui pourrait embraser toute la région ». Certains pays du Vieux continent redoutent un remake de l'expérience libyenne : voir les armes livrées tomber aux mains des « groupes terroristes » ou retourner contre d'autres « parties » de la population. Comme Lakhdar Brahimi, l'émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe, ils croient en une solution politique. La livraison d'armes « ne contribuera pas à mettre fin au conflit », affirme Werner Faymann, le chancelier autrichien. Damas, qui a présenté jeudi cet armement des rebelles comme « une violation flagrante du droit international », menace de frapper au Liban les « bandes armées » qui continuent de s'infiltrer en Syrie via la frontière commune pour combattre aux côtés des rebelles. « Nos forces font preuve de retenue en ne frappant pas ces bandes en territoire libanais (...) mais cela ne durera pas indéfiniment », prévient le ministère syrien des Affaires étrangères. « Ces incidents frontaliers répétés » inquiètent les 15 membres du Conseil de sécurité. « Si le conflit syrien se poursuit, il y a un réel risque d'explosion au Moyen-Orient et il sera impossible de répondre à ce défi tant sur les plans humanitaire, politique ou sécuritaire », estime Antonio Guterres, Haut commissaire de l'ONU aux réfugiés, rappelant que ce conflit, qui est entré, hier, dans sa troisième année, a fait 70.000 morts, 1.000.000 de réfugiés dans les pays voisins (Liban, Jordanie, Turquie et Irak) et 4.000.000 de déplacés.