Les ministres de la Défense du Soudan et du Soudan du Sud, qui ont signé, vendredi dernier, un accord pour la mise en œuvre concrète des dispositifs de sécurité conclus par les deux pays en septembre dernier à Addis-Abeba, reprendront leurs pourparlers, aujourd'hui dans la capitale éthiopienne. Selon le quotidien soudanais Al Ray Al Am, « ils devraient discuter des sujets relatifs aux accords sur les dispositifs de sécurité, se familiariser avec la progression du retrait des troupes des deux pays de la zone démilitarisée, et évoquer le problème de la rupture du lien entre l'armée sud-soudanaise et le Mouvement populaire pour la libération du Soudan/secteur nord », un mouvement qui affirme lutter pour renverser le régime de Khartoum afin d'obtenir davantage de démocratie et de respect de la diversité ethnique et des droits de l'Homme. Les observateurs estiment que la rébellion n'est pas près de s'arrêter. « Même si les accords conclus-y compris sur une zone démilitarisée à la frontière- mettent fin au contentieux entre Khartoum et Juba, le Soudan continuera de faire face à une rébellion dans les provinces du Kordofan-Sud et du Nil Bleu », disent-ils. « Si Juba cesse son soutien (aux rebelles en territoire soudanais) cela ne signifie pas la fin de ce conflit », souligne Magdi el-Gizouli, chercheur au Rift Valley Institute. « Cette guerre est liée à des problèmes intérieurs et locaux, auxquels il faut s'attaquer », dit-il. Khartoum et Juba, qui ont annoncé, en septembre dernier, le retrait de leurs troupes de plusieurs zones contestées à la frontière entre les deux pays, dans une nouvelle tentative pour mettre en place une zone-tampon après une année d'affrontements meurtriers, ont signé, mardi dernier à Addis-Abeba, un accord. Celui-ci prévoit la reprise, d'ici 14 jours, de la production pétrolière du Soudan du Sud, à l'arrêt depuis janvier 2012 en raison d'un différend avec le Soudan par lequel transite le brut. Juba a hérité de 75% des réserves de brut du Soudan pré-sécession. Enclavée, elle dépend de Khartoum pour l'exporter via des oléoducs. Un signe que la confiance commence à s'installer : le président Omar El-Béchir a accepté une invitation à se rendre à Juba, faite par son homologue Salva Kiir.