Le médiateur sud-africain, Thabo Mbeki, est parvenu à trouver un terrain d'accord entre les deux Soudans Le Soudan et le Soudan du Sud ont conclu un accord «raisonnable» sur le pétrole, et d'autres différends devraient être réglés, a-t-on appris hier auprès de responsables soudanais. Le Soudan et le Soudan du Sud ont trouvé une solution au différend pétrolier qui empoisonnait toujours leurs relations un an après l'accès à l'indépendance de Juba, quelques heures après une visite de la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton. «Les parties se sont mises d'accord sur les détails financiers concernant le pétrole, donc c'est fait», a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur en chef pour l'Union africaine (UA) dans la crise entre les deux Soudans. M.Mbeki a aussi annoncé une reprise de la production pétrolière sud-soudanaise interrompue en janvier, sans préciser de calendrier. Des analystes estiment qu'il faudra plusieurs mois pour une reprise totale de cette production. Selon le Soudan du Sud, l'accord bouclé à Addis-Abeba prévoit que Juba paie à Khartoum 9,48 dollars par baril de pétrole exporté via le Soudan au cours des trois ans et demi à venir. Passé ce délai, un nouveau taux sera décidé, à moins que le Sud, privé d'accès à la mer, ne parvienne à exporter son brut via d'autres pays - le Kenya ou Djibouti sont envisagés. En plus de ces frais de passage, le Sud, qui se félicite d'un «bon» accord, a accepté de payer une somme forfaitaire de quelque trois milliards de dollars au Soudan, pour compenser les pertes de revenu depuis la partition. Des responsables soudanais cités par l'agence officielle Suna ont, sans donner leur version de l'accord, estimé qu'il était «raisonnable». L'accord entre les deux Soudans est intervenu quelques heures après une visite à Juba vendredi de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Celle-ci avait exhorté Juba et Khartoum à des compromis pour régler les différends restés en suspens depuis l'indépendance du Soudan du Sud le 9 juillet 2011, et qui ont conduit les deux pays au bord de la guerre au printemps. Mme Clinton avait aussi appelé Juba à conclure «un accord provisoire» avec Khartoum sur le pétrole pour enfin reprendre la production de brut. Depuis Nairobi, où elle a poursuivi samedi sa tournée africaine, la responsable américaine a salué le «nouvel état d'esprit de compromis des deux parties». Le Soudan du Sud a hérité des trois quarts des ressources pétrolières du Soudan d'avant partition. Mais il reste entièrement tributaire des oléoducs du Nord pour exporter. Faute d'accord sur la redevance à payer par Juba à Khartoum sur le pétrole sud-soudanais qui transite par le territoire soudanais, le Nord avait décidé de se payer en nature en prélevant du brut à son passage. Furieux, le Sud avait alors stoppé sa production. Au-delà de la question pétrolière, parmi les litiges opposant encore les deux Soudans, figurent la démarcation de leur frontière et le statut de zones contestées. Les deux pays s'accusent aussi mutuellement de soutenir des groupes rebelles sur le territoire de l'autre. Les pourparlers entre les deux parties engagés à Addis-Abeba sous l'égide de l'UA piétinaient jusque là à tel point que Juba et Khartoum avaient dû laisser passer, sans accord, la date butoir du 2 août que leur avait donnée, sous peine de sanctions, le Conseil de sécurité de l'ONU pour régler leurs différends. M.Mbeki a précisé que les deux pays avaient désormais jusqu'au 22 septembre pour résoudre les contentieux encore en suspens et prévoit une rencontre en septembre des présidents soudanais, Omar El Bechir, et sud-soudanais, Salva Kiir, pour discuter notamment du statut d'Abyei, une région disputée grande comme le Liban. Signe pourtant de tensions persistantes entre le Nord et le Sud, qui - avant les accords de paix de 2005 ont ouvert la voie à la sécession - se sont livré des décennies de guerre civile, le négociateur en chef de Juba Pagan Amum a encore accusé Khartoum de vouloir saper les pourparlers. M.Mbeki a quant à lui malgré tout annoncé un autre accord à Addis-Abeba: cette fois entre le Soudan, l'UA, l'ONU et la Ligue arabe sur l'accès humanitaire aux Etats soudanais du Kordofan-Sud et du Nil Bleu.