Le Président Soudanais s'engage à ne plus mener de négociations avec son homologue à Juba sur cette question ou lui permettre de transporter son pétrole via le Nord. « Même si les Sud-Soudanais partagent leurs revenus pétroliers avec nous », dit-il dans lors d'un rassemblement organisé vendredi dans le centre de la capitale Khartoum pour célébrer la « libération » du champ pétrolier d'Heglig. Raison évoquée pour expliquer son attitude : « Salva Kiir utilisera les revenus pétroliers pour détruire le Soudan et financer des criminels », dit-il, révélant avoir donné instructions au général Abdul-Rahim Mohammed Hussein, son ministre de la Défense, de faire tous les préparatifs nécessaires avant cet automne en vue d'expulser l'armée sud-soudanaise du Nil Bleu et du Kordofan du Sud, deux Etats voisins du Soudan du Sud, où ses troupes se battent contre le Mouvement de libération du peuple du Soudan-Secteur du Nord (SPLM-N) depuis l'année dernière. Selon les médias soudanais, il a, en outre, demandé à son gouvernement de réunir une équipe d'experts our évaluer les pertes dans le champ pétrolier d'Heglig et remettre leur rapport au Conseil de sécurité pour exiger une compensation financière du Soudan du Sud. « Nous œuvrerons pour libérer toutes les zones et expulserons tous les insectes du Mouvement de libération du peuple du Soudan de tous les endroits », dit-il. « Les Soudanais du Sud ont entamé les combats et ce sera à nous d'annoncer quand ils seront terminés, et notre avancée n'aura pas de fin », déclare El Béchir promettant de renverser le gouvernement de Salva Kiir qu'il qualifie d'« insecte » nuisible. Khartoum, qui affirme avoir libéré vendredi par « la force » Heglig, pose toutefois quatre conditions avant toute normalisation de ses relations avec sa voisine du Sud. Primo, « reconnaissance sans réserve de tous les accords et mémorandums déjà signés, particulièrement les six accords sur les questions de la sécurité, dont le dernier est l'accord de non-agression et de coopération signé le 10 février 2012 à Addis-Abeba (Ethiopie). Secundo, reconnaissance claire et nette de la démarcation de la frontière du 1er janvier 1956. Tertio, arrêt des agressions répétées du territoire soudanais et retrait de ses troupes des Etats de Blue Nile et de Kordofan du Sud. Quarto, rupture des liens avec le Mouvement de libération du peuple du Soudan-Secteur du Nord (SPLM-N) et fin du soutien aux mouvements rebelles au Darfour, qui refusent de signer le document de Doha pour la paix ». El Obeid Mohamed El Obeid Rahma, l'ambassadeur soudanais au Sénégal, tempère. « L'ennemi commun aux deux pays, c'est la pauvreté », dit-il ajoutant que son pays, qui a été le premier à reconnaître le Soudan du Sud, est prêt à discuter de tous les dossiers si ces quatre conditions sont satisfaites. Selon ce diplomate, la prise de Heglig visait deux objectifs. Un, faire stopper la production de pétrole de ce gisement qui nous offre 60% de nos recettes. Deux, entraîner une crise économique qui pourrait avoir comme résultats un soulèvement des populations et la chute du pouvoir à Khartoum. A Juba, Salva Kiir tient le même discours guerrier. Son armée, dit-il, ne partira de la zone de Heglig qu'aux onditions qu'il a émises : arrêt des bombardements soudanais et retrait des forces de Khartoum de la province voisine d'Abyei.